«Ces années-là, je tentai d’oublier mon dernier homme et de soutenir ma première femme qui entrait dans la mort.» Livre de deux deuils, celui d’une mère âgée qui perd la tête, et celui de l’amour perdu, N. Autour de ma mère est un texte très autobiographique dont la forme fragmentaire combine la spontanéité de la vision ou de la sensation et le lent travail de la forme. En réaction à l’informe, à l’absence de sens, l’écriture se fait précise, ciselée et légère : «J’écris sur l’unique entreprise qui vaille au monde, aimer quelqu’un.» Le Journal de Kafka est convoqué tout au long du roman comme un leitmotiv à partir duquel se situer.

 

Mon avis:

 

Par avance, je m’excuse si mon avis semble décousu. A dire vrai, j’ai pris plaisir à lire ce roman, mais en partie seulement. J’ai eu un peu de mal à voir où voulait en venir l’auteure, à me demander quel intérêt représente tel ou tel passage ou encore, comment cela va se finir ?

 

Le sujet abordé n’était pas facile, je m’y étais préparée. Sous forme de notes (ou de journal, c’est selon), l’auteure retrace les mois qui ont précédé l’internement en maison de repos de sa mère malade (le texte se poursuit un peu après, mais pas beaucoup). C’est donc au travers de ces notes que l’on suit l’évolution de l’état de santé de la mère, la réaction de l’auteure face à un être qu’elle aime. Donc oui, pas évident de lire ces mots et à plusieurs reprises, je me suis demandée ce que j’aurais fait dans son cas. Mais vite fait car c’est un sujet un peu trop sensible.

 

Comme si cela ne suffisait pas, l’auteure doit oublier un amour, le dernier homme qu’elle ait aimé, N. Petite parenthèse : rarement les prénoms sont écrits, nous n’avons souvent que la première lettre. Je disais donc que l’auteure doit tirer un trait sur cet homme ; je ne sais pas si revenir sur les lieux de leur amour est la meilleure façon de procéder, mais qu’importe, je n’étais pas à sa place.

 

Que ce soit pour savoir ce qu’il advient de sa mère ou si elle parvient à oublier son amour, je vous laisse le plaisir de découvrir ce roman !

 

Si à première vue il semble anarchique, il se révèle très bien construit, des petits paragraphes qui ne sont que des petites notes assemblées pour former un seul et même texte. Les émotions rythment ses écrits : tantôt elle chancelle, tantôt elle se ressaisit. Mais ne flanche jamais réellement. Le fait qu’elle retranscrive ses notes mot pour mot, tel qu’ils ont été écrits sur l’instant, c’est-à-dire avec les émotions et les sentiments ressentis, donne à ce texte une profondeur et une délicatesse que l’on retrouve rarement. Une belle écriture, pas de doute et pour que vous puissiez vous en rendre compte, voici deux extraits : "Je réponds que la langue est donnée, que c’est un bien publique, inépuisable, un grand repas où plus tu prends, plus il y en a. Je dis que les mots sont à tout le monde, universels, mais dans chaque bouche différents, particuliers, personnels et que plus ils sont personnels, plus ils sont rares, précieux, authentiques." et "Ou comme si elle avait deviné qu’écrire, c’est rêver éveillé."

 

Cependant, comme je l’ai dit précédemment, je me suis souvent posée la question sur l’intérêt de certains passages. Si je devais me confessais, je dirais même que certains ont été lu en diagonal. Certes, les petites choses du quotidien ont leur importance et surtout, permettent de relativiser vis-à-vis d’une situation compliquée, mais j’ai davantage été ennuyée que captivée.

 

La relation mère/fille est davantage au centre du roman ; celle concernant N. n’est pour moi qu’un dérivatif dont elle se sert pour prendre du recul vis-à-vis de sa mère, pour se changer les idées aussi. Attention, je ne juge pas, je ne donne que mon sentiment. Merci aux Editions Zoé. 

 

Note: 8/20