Charlotte Delbo était une des 230 femmes qui, dans Le Convoi du 24 janvier, partirent en 1943 de Compiègne pour Auschwitz.

Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d'une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d'intensité au-delà duquel il ne reste que l'inconscience ou la mort. Elle n'a pas voulu raconter son histoire, non plus celle de ses compagnes; à peine parfois des prénoms. Car il n'est plus de place en ces lieux pour l'individu.

Mon avis: 

La Seconde Guerre Mondiale est un sujet qu'il me plaît de lire, romancé ou pas. Idem pour les films d'ailleurs. Ici, nous ne tenons pas un roman mais un document qui est très bien rédigé même si, à première vue, la forme peut surprendre. En effet, Charlotte Delbo donne l'impression d'avoir littéralement jeté ses mots sur papiers, si bien que nous avons une ponctuation très brève. Des idées en vrac, des souvenirs agréables ou non, des réflexions, ... Bref, au travers de cet écrit, elle nous transmet  - ou tente de le faire - son sentiment à l'instant T. 

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, toutes les pages ne sont pas sombres, il y a parfois un brin d'espoir. Un espoir que nous lecteur nous entretenons car nous savons qu'elle est sortie vivante de cet enfer, ce qui n'est pas forcément le cas pour ses compagnes d’infortune. 

"Ils voudraient savoir où ils sont. Ils ne savent pas que c'est ici le centre de l'Europe. Ils cherchent la plaque de la gare. C'est une gare qui n'a pas de nom. Une gare qui pour eux n'aura jamais de nom."

Comme je le disais, la forme peut surprendre et malgré cela, je trouve que ce texte possède une certaine poésie. Certainement due à la mélancolie, à la tristesse et peut-être à la résignation qui s'en dégage, essentiellement au début. Avec ses mots, Charlotte Delbo est parvenue à me toucher car finalement, même si on connait l'histoire de ce camp, on est toujours surpris pas des anecdotes, anecdotes qui resteront secrètes pour beaucoup. 

Un récit touchant car sincère que j'ai pris plaisir à lire malgré le sujet plus que douloureux. J'ai eu les larmes aux yeux de lire que certaines pouvaient restées assises des heures dans la neige quand leurs jambes ne les supportaient plus, j'ai eu un gros pincement au cœur quand le médecin "ment" aux prisonniers pour les emmener dans le bloc de la mort, ... Il s'agit là d'un texte assez poignant qui s'adresse surtout à ceux qui sont intéressés par le sujet. Un texte qui s'intègre dans le challenge mystère de Froggy. 

Note: 17/20