A travers l'analyse du conte de Hansel & Gretel, cet ouvrage a pour but de démontrer l'importance de l'imaginaire chez l'enfant, l'importance des symboles du monde merveilleux au sein même de la fable et l' "effet thérapeutique" que celle-ci a sur l'inconscient des enfants. Car en réalité, les contes sont capables de toucher tout un chacun, enfants comme adultes, afin de répondre à nos peurs et nos angoisses les plus profondes.
Mon avis :
C'est la deuxième fois que Fedra Latif me fait confiance et je l'en remercie. La première fois, si vous ne la connaissez pas, c'était pour son livre enfant Tous pour un ! (relu il y a quelques jours avec ma fille !). Ici, nous changeons totalement de registre, vous pouvez vous en rendre compte ! Thérapeute familiale et passionnée des sciences sociales, Fedra Latif a rédigé ce court texte dans le cadre de son mémoire de psychologie. Sans nous assommer de termes compliqués, elle décortique les thèmes majeurs que l'on retrouve dans le conte Hansel & Gretel pour nous offrir son analyse.
Les contes sont particuliers... On aime ou on n'aime pas. Il faut admettre que les contes que l'on nous raconte, ceux que l'on regarde (et là, je pense aux nombreux Disney) sont modifiés pour convenir au jeune public. Car oui, les contes, les vrais, sont effrayants pour les jeunes enfants. Si Disney avait dû adapter l'histoire de Raiponce telle qu'elle est racontée dans les textes originaux, pas sûre que le succès aurait été au rendez-vous ! Il en est de même pour La belle au bois dormant ou encore, un autre classique, Cendrillon. Les contes que l'on connait (ceux romancés) proviennent essentiellement de Disney qui se sont inspirés, entre autre, des frères Grimm ou Andersen. Grandir avec cette image n'est pas forcément l'idéal puisque contraire à la réalité. Mes deux enfants n'ont jamais vraiment regardé les adaptations Disney. On a regardé Raiponce, mais jamais ils n'ont été attirés par les autres. Cependant, ayant été enfant avant eux, je les ai déjà vus ! Et finalement, les contes véhiculent un message qui varie plus ou moins selon les textes ; mais assez souvent, les thèmes de tolérance, d'entraide, de résilience ou encore, d'amour (au sens large du terme) sont présents.
S'appuyant sur des travaux déjà publiés de psychanalystes reconnus, Fedra Latif nous livre donc son analyse. Et je dois avouer que j'ai été séduite par celle-ci ! J'aime que l'on décortique les choses, que l'on aille en profondeur pour y chercher le sens caché. Dans les romans mais aussi au quotidien : analyser pourquoi telle personne agit ainsi, ce que cela peut révéler ; les mécanismes de défenses, les appels cachés, les besoins sous-entendus. Pour le coup, son approche fut intéressante à découvrir, on lit le conte différemment quand on a lu en parallèle les sens cachés que Fedra Latif a décrypté.
Cette analyse, elle la livre en s'appuyant sur des symboles qui parlent à tous : l'image de la mère, la maison ou encore, les oiseaux. Décortiquant et analysant la représentation de ces symboles dans la culture, mais aussi dans l'imaginaire des enfants, Fedra Latif nous permet de mieux comprendre le conte des frères Grimm. Enfin non. On ne le comprend pas mieux, c'est une erreur de dire ça, je dirais qu'on le comprend différemment. Mais cela est valable pour tout : petits, nous n'avons pas toutes les clés pour percevoir la profondeur d'une histoire, qu'il s'agisse d'un conte ou pas.
Au final, les contes sont-ils nécessaires aux enfants ? Tout comme les histoires en générale ? Je dirais que oui. Et à dire vrai, cela est valable pour les enfants mais aussi pour les adultes ! Quel plaisir de lire un bon roman ! Je suis pour ne pas élever les enfants dans le monde des Bisounours, je suis pour leur expliquer les choses avec le vocabulaire adapté à leurs âges mais surtout, en fonction de l'enfant lui-même. Pour entrer dans le cadre du privé, mon fils de 10 ans, TDAH, possède une sensibilité extrême par rapport à sa sœur de 7 ans. Peut-être que cela changera pour elle à l'avenir, je n'en sais rien. Mais je sais que certaines choses heurteront davantage mon fils. Et paradoxalement, il a ce besoin de comprendre les choses, même horribles, avec un visuel le plus souvent. Donc, si je dois lire l'histoire d'Hansel et Gretel, mon fils sera outré, choqué, peiné de l'attitude des parents mais aussi des enfants, ce qui n'est pas le cas de ma fille qui va être choquée mais qui va vite s'en remettre et peut-être se dire que les parents n'avaient pas le choix. Alors qu'avec mon fils, on pourra disserter deux heures pour comprendre pourquoi des parents agissent ainsi ! Tout ça pour dire que oui, les contes et les histoires du soir (ou du jour !) sont utiles aux enfants, il faut juste bien les choisir. Ce n'est pas parce que c'est un conte qu'il est forcement adapté aux enfants. Quand on pense que dans le cas de La belle au bois dormant ou Raiponce nous sommes dans une histoire d'enlèvement d'enfant... !
Les histoires et les contes sont utiles car ils développent l'imaginaire des enfants. Les dualités qui se trouvent en chacun (on a tous une part de bien et une part de mal en nous) n'atteignent pas les enfants qui résument les histoires en deux entités : le bien et le mal. Pour eux, le bien triomphe et c'est là le principal. Ils vont lire l'histoire de ce héros - de cette héroïne - qui combat le méchant et revient victorieux. Ca leur suffit.
Mais si on creuse, comme l'a fait Fedra Latif, on comprend que la sorcière est la représentation qu'ils ont de leur mère. On comprend aussi le rapport à la nourriture. On comprend qu'il ne faut pas baisser les bras. Qu'il faut s'affirmer, s'affranchir aussi, se révolter mais ne jamais perdre espoir.
C'est donc très intéressant de lire cet essai qui offre, en moins de trente pages, un deuxième point de vue, plus approfondi, plus analytique, plus sobre aussi, mais qui complète parfaitement la lecture initiale que l'on a du conte.
Note : 18/20
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