Miguel Miranda - Quand les vautours approchent

"Màrio França, un des meilleurs détectives du monde, vit à l'intérieur de ma tête" ou bien, "Je ne suis qu'un détective de troisième ordre qui délire" ? La vérité est plus complexe, comme toujours !

Dans ce premier polar d'une série passionnante, nous faisons la connaissance du portugais Màrio França, un privé pas comme les autres, qui évolue dans la belle ville de Porto... ou sur les plages paradisiaques du Brésil.

Les événements, les personnages et les solutions viennent à lui avec une facilité déroutante, comme par enchantement, et nous laissent presque vexés de ne pas être à sa place. Mais rira bien qui rira la dernière !

 

Mon avis :

 

Un grand merci aux Editions de l’Aube qui m’ont permis de découvrir ce roman : Quand les vautours approchent nous réchauffe et nous permet d’oublier tous ces romans policiers venus du froid.

 

Màrio França est le plus grand détective de Porto, dixit lui-même ! Engagé par un homme fortuné afin qu’il retrouve sa maîtresse qui a mystérieusement disparu, Màrio França se retrouve, sans le vouloir, à conduire deux enquêtes : la disparition du Paula Dagostine et la mort, lors d’une grande soirée devant un public nombreux, du président du Conseil des Sages, le professeur Avelar Dias Matos. Un décès aussi inattendu que spectaculaire puisqu’il a été empoissonné au cyanure. Il ne saurait l’expliquer, mais il sent que les deux affaires sont liées ; certainement l’image aussi fugace qu’imprécise de Paula lors de la soirée. Aidé d’un trio d’informateurs particulièrement particuliers, il enquête sur la disparition de Paula, une enquête qui le mène en différents lieux : chez elle, chez son ex petit-ami, au Brésil, … et au cœur du Conseil des Sages. Il interroge les membres, en suspecte quelques-uns et finit par se charger de cette enquête. S’il prend note de toutes les informations qu’on lui fournit, il ne parvient pas à faire le lien… Jusqu’à son voyage au Brésil.

 

Miguel Miranda et son héros França bousculent le genre policier. Nous sommes loin des héros ternes, taciturnes, distants ; França est un homme amusant mais surtout, imbu de lui-même ! Persuadé d’être le meilleur détective, il n’a de cesse de nous énumérer ses nombreux dons (il reconnaît un parfum en le sentant, il peut sentir la mort, …). Une certaine arrogance qui, si elle peut agacer, le rend finalement attachant dans la mesure où c’est cette arrogance qui pimente et relève le niveau du roman et permet ainsi de le classer dans une catégorie que l’on pourrait nommer "polar décalé" tant l’humour est présent.

 

Nous y retrouvons tous les ingrédients du policier de base : assassinat, disparition, indices disséminés, enquête, …, mais ce n’est pas ce que nous retiendrons de Quand les vautours approchent; non, nous retiendrons la façon plus que brouillonne de travailler de França ! Bon, je qualifie cela de brouillon, lui se dit instinctif ! Qu’importe le qualificatif, cette façon qui peut le faire passer pour une personne peu fiable et en réalité un masque : il a une mémoire visuelle, il n’a pas besoin de tout noter en permanence.

 

Le roman est parfaitement construit et même si nous lecteurs sommes dans la même optique que França - à savoir que les deux affaires sont liées - nous sommes tout aussi perdus que lui quant au lien propre. Et l’auteur a parfaitement réussit sa mise en scène, le tout s’entremêlant habilement à la fin (et pour cela, deux sens possibles, mais il faut lire le roman !). A cela, je rajoute que Miguel Miranda est un véritable poète : "Serait-ce cela l’amour, les eaux torrentielles d’une cascade qui s’écoulent dans les veines avec la violence et la beauté des chutes du Niagara ?" Vous l’aurez compris, França est aussi un romantique ! Cela s’ajoute à la liste des particularités dont fut doté França afin qu’il soit un privé différent, un homme qui reste un homme.

 

Dans les dédales de Porto ou sur les plages du Brésil, Miguel Miranda nous entraîne dans une superbe enquête, admirablement écrite et splendidement menée par un privé rêveur, attachant, déterminé, un brin pugnace et instinctif !

 

Un régal qui promet de belles suites…

 

Note : 18/20

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