Dan Turèll - Meurtre dans la pénombre

Triste et seul, un journaliste noie sa mélancolie dans la musique, la fumette et le whisky. Mais un coup de téléphone mystérieux l'empêche soudain de tourner en rond : deux nuits d'amour, quelques ballades à l'aube et six cadavres plus loin, le journaliste s'est fait pote avec le commissaire Ehlers – et ce un peu malgré eux !

 

Mon avis :

 

Deuxième roman de l’auteur que j’ai le plaisir de découvrir grâce aux Editions de l’Aube que je remercie !

 

Tout comme dans Meurtre à l’heure de pointe, Meurtre dans la pénombre nous raconte une tranche de vie (en l’occurrence, six jours) de ce journaliste - héros de notre roman - qui se trouve, on peut le dire, au mauvais endroit au mauvais moment. Tout commence par un coup de fil au milieu de la nuit qu’il suppose provenir d’un homme saoule. Mais le lendemain, à la lecture d’un article relatant la mort d’un homme, son cerveau s’active et fait le lien entre cet appel et ce meurtre. Doté d’une nature curieuse (quoi de plus normal pour un journaliste ?!), il se rend sur place, rencontre des personnes, avant d’en ressortir bredouille. Seulement, toutes ses futures rencontres se révéleront liées d’une façon plus ou moins étroite à ce premier meurtre, dans cet immeuble dont le dernier étage est vide, dans cet immeuble qui appartient - comme une grosse partie du quartier - à un gangster… Alors, notre héros va chercher à en savoir un peu plus…

 

Si Meurtre dans la pénombre est le second livre de Dan Turèll que j’ai le plaisir de lire, il précède, en réalité, Meurtre à l’heure de pointe. Au début, je l’ignorais, mais cet état de fait apparaît rapidement, le héros ne connaissant pas encore le commissaire. Histoire antérieure, mais style identique. Si ce n’est que Dan Turèll décrit un peu plus les tourments de son héros, ce qui n’est pas le cas dans Meurtre à l’heure de pointe.

 

Le côté sombre du journaliste est très bien exploré : il est torturé (il n’hésite pas à débarquer chez son ex-femme complètement ivre), accro à l’herbe et à l’alcool, vit davantage la nuit que le jour. Si l’auteur explore les souffrances de son héros, je serais tentée de dire qu’il me donne l’impression de survivre en compagnie d’un spleen qui le ronge un peu plus chaque jour. Il se laisse porter par les évènements, accepte sans ciller les échecs et les désaveux, les ratés de la vie. Mais, il s’agit surtout d’un homme qui aime réfléchir, imaginer, se poser des questions : "Je veux dire que le temps est tout simplement frappé par une dévaluation générale, exactement comme les tablettes de chocolat de mon enfance qui sont aujourd’hui trois fois plus hères mais pas plus grandes. Probablement est-ce parce que chaque année, dans le plus grand secret, on retire quelques minutes à chaque heure. C’est une explication qui se tient."

 

Il nous donne l’impression qu’il erre plus qu’il n’agit, qu’il marche au gré du hasard ; et pourtant, ses errances vont chaque fois le porter au bon endroit, mais peut-être pas au bon moment. Qu’importe, il arrivera un moment où tout rentrera dans l’ordre.

 

L’auteur ne se contente pas de nous raconter le côté sombre de son héros, il le fait aussi pour sa ville, Copenhague. Rappelons que l’histoire se déroule il y quasiment trente ans, pas d’ordinateurs ni de portables ! Le quartier dans lequel vit notre journaliste semble gangrené par la prostitution et les trafics en tout genre. Ce qui ne l’empêche pas de s’y plaire ! Avec des descriptions aussi négatives, on peut penser que l’auteur avait en horreur, à défaut de sa ville, ce quartier ; une telle image ne donne pas envie de s’y rendre. Et c’est pourtant ces deux côtés sombres qui font le charme du roman. Un héros torturé qui vit au cœur d’un quartier à la dérive, quoi de plus saisissant, angoissant ? S’il avait vécu dans un joli quartier banlieusard, le ressenti n’aurait pas été le même. La noirceur du roman en est l’atout majeur, un atout que l’auteur, je pense, a exploré dans chacun de ses romans.

 

Cependant - car il y a un cependant - je lui ai trouvé quelques longueurs et surtout, un fin qui me laisse sur ma faim. On comprend qui a tiré les ficelles de ces meurtres, mais on ne saisit pas avec précision comment notre héros l’a compris et principalement, pourquoi. Je suis donc un peu déçue par cette fin qui n’en est pas réellement une ; peut-être que l’auteur nous fournit une explication plus claire dans le roman qu’il a écrit ensuite ?

 

Ce petit regret n’entache en rien la qualité générale du roman. Meurtre dans la pénombre est un excellent polar.

 

Note : 16/20

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Commentaires: 2
  • #1

    DaisyLusion (lundi, 04 avril 2016 15:51)

    (commentaire du 29 juillet 2013, 16h30)
    Coucou,
    Merci pour cette découverte. Je le note, on ne sait jamais (dès fois que je sois en manque de livres "_").
    Je te souhaite une bonne journée ainsi qu'une bonne semaine.
    Bises

  • #2

    Les Mots de Gwen (lundi, 04 avril 2016 15:51)

    (commentaire du 30 juillet 2013, 19h14)
    Je me dis souvent ça "Je note, on ne sait jamais". Résultat: beaucoup de titres de notés!!!!! Un jour, peut-être, qu'ils seront tous chez moi... :) Bonne semaine à toi aussi, bises!