Maxime Chattam - Le coma des mortels

Qui est Pierre ? 

Et d'ailleurs se nomme-t-il vraiment Pierre ? Un rêveur ?

Un affabulateur ? Un assassin ?

Une chose est certaine, on meurt beaucoup autour de lui.

Et rarement de mort naturelle.

Rebondissements incessants, métamorphoses, humour grinçant... Un livre aussi fascinant que dérangeant, en quête d'une vérité des personnages qui se dérobe sans cesse.

Un roman noir virtuose dont l'univers singulier n'est pas sans évoquer celui d'un cinéma ou David Lynch filmerait Amélie Poulain.

 

Mon avis : 

 

De Maxime Chattam, je ne connaissais que Le sang du temps, un roman non pas sombre, mais dont les précisions ont laissé une empreinte palpable dans mon imaginaire, et ce pendant de longues semaines. Depuis, j’ai un peu catégorisé cet auteur, mais me suis laissée séduire par Le coma des mortels car il ne s’agit pas d’un thriller à proprement parlé. Quel genre de roman est-ce alors ? Eh bien, celui-ci refermé, je suis bien incapable de vous dire dans quel registre littéraire il se classe : thriller ? psychologique ? littérature ? Il mélange trop de genres pour n’en cibler qu’un, un style particulier qui nous offre un roman particulier.

 

Le résumé est énigmatique et se suffit à lui-même. Nous découvrons Pierre alors que sa copine vient d’être horriblement assassinée. Puis, nous remontons le temps sur une année pour comprendre ce qui a amené Pierre à parler de malédiction. Pour le coup, ce retour en arrière est intéressant car nous plongeons dans la vie que Pierre s’est construite suite à un épisode dépressionnaire l’ayant conduit à couper tout lien avec son passé, à se réinventer un prénom, une vie. A ce sujet, je trouve dommage que la première vie de Pierre ne soit pas davantage explorée. A ses côtés, nous rencontrons Tess, Ophélie, Hugo, Antoine et bien d’autres. En fait, la malédiction pourrait se résumer en ces mots : "Ma vie tue". Mais pourquoi et qui ? Voilà la question que se pose le lecteur, à la différence de Pierre, ou alors à la toute fin.

 

"La fille nos saute au cou de bonheur, elle n'avait même pas remarqué son oubli. Elle semble aussi lunaire que moi quand j'ai trois grammes d'alcool dans le sang. En plus, elle n'est même pas jolie. Elle est comme le monde: mal fichue."

 

C’est donc la narration d’un renouveau et non la quête d’une vérité que nous propose Chattam. L’histoire est bonne, légèrement barrée en raison de personnages qui le sont tout autant, mais certains sont attachants comme Antoine et Ophélie. Pierre n’attire pas vraiment ma sympathie, je le trouve trop malléable, trop gentil, trop enclin à subir. Ophélie, par contre, est la joie de vivre incarnée ! Et Antoine, incarne, quant à lui, la sagesse.

 

"Il y a des beautés myopes - belles de loin -, des beautés presbytes - à tomber par terre mais insupportables à vivre de près -, des beautés astigmates - en clair moches."

 

L’écriture est bonne. Je ne connais Chattam qu’en mode thriller (et un seul roman), mais ce type de roman lui convient aussi même si je ne parviens pas à déterminer s’il lui convient mieux ou pas. Il me faudrait plus d’outils de comparaison, et pour cela, lire ses autres romans. Pour être sincère, ce roman me laisse un gout de perplexité. Addictif car on veut savoir où il nous mène (à ce sujet, j’avais deviné un point de la révélation finale), mais pas transcendant comme le suggère la quatrième de couverture. Disons qu’il se lit avec plaisir et ouvre la voie à différentes questions : savons-nous vraiment qui est notre voisin/collègue ? Sommes-nous pleinement heureux ou jouons-nous un rôle ? Qu’est-ce que l’amitié ? Et l’amour ?

 

Je termine en vous parlant du titre que je trouve superbe, très en adéquation avec le thème : le coma est un sommeil profond, Pierre attend juste de se réveiller ; et je trouve adapté le mot mortels qui fait référence à l’idée que nous naissons pour mourir. Chattam aurait pu utiliser le mot humain, mais cela aurait été plus flou, la mort étant l’un des personnage de ce roman, le mot mortels est tout simplement parfait !

 

Merci aux Editions Albin Michel

 

Note : 15/20

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Commentaires: 2
  • #1

    Marine Le Puy des Livres (samedi, 23 juillet 2016 00:13)

    Ce Chattam est boudé par beaucoup de ses admirateurs. Je n'ai à mon actif qu'un livre de cet auteur ( L'âme du mal) que j'ai adoré. Son dernier roman me tente beaucoup, je compte bien le lire. Et au plus vite me conviendrait parfaitement.

  • #2

    Les Mots de Gwen (mardi, 26 juillet 2016 20:11)

    J'ai en effet lu des critiques mitigées mais elles proviennent surtout de ses fans. Si bien que toi comme moi, qui n'avons lu qu'un livre de lui, on est moins fan et donc plus ouvertes à un registre littéraire différent.
    J'espère que tu auras l'occasion de le lire rapidement :-)