Christopher Launay - Laudrec, mélodie anonyme

Au cœur des années soixante-dix, dans un cabaret parisien miteux, un pianiste meurt tragiquement lors d’une représentation après avoir bu son dernier verre.

Ce qui semble à première vue, une mort banale, ne laisse émerger que rancœur, vengeance et décadence et une ribambelle de suspects qui fait surgir le commissaire Laudrec de la nuit noire, avec lui l’inspecteur Lemercier, pour une enquête où se mêlent trahison, mensonge, manipulation, là où tout est illusion…

 

Mon avis :

 

Loïc Vauchard, un amoureux du piano, meurt subitement et tragiquement : empoissonné. Dépêché sur place au beau milieu de la nuit, le commissaire Laudrec va découvrir un univers dans lequel le mensonge est roi. Si au début, lui et son équipe rament un peu, arrive le moment où une piste se dessine plus nettement. Malheureusement, le nombre de suspects augmente au fil des heures et embrouille quelque peu notre commissaire fatigué. Jusqu’à ce qu’il reçoive un appel intéressant…

 

Laudrec, mélodie anonyme possède son propre univers. Et c’est d’ailleurs ce qui m’a séduite : une atmosphère feutrée, sombre et un chouïa mystérieuse, qui nous plonge dans le Paris des années soixante-dix. Les lieux sont très bien décrits, si bien que l’on a l’impression d’évoluer aux côtés de Laudrec et de faire partie de son équipe. Son principal collègue est l’inspecteur Lemercier, jeune homme qui vouvoie son supérieur quand lui le tutoie. Lemercier aime son métier, cela se ressent quant au dévouement avec lequel il se plonge dans l’affaire. Ou bien est-ce pour se faire bien voir de Laudrec ?! Quoi qu’il en soit, il le respecte en le vouvoyant quand Laudrec le tutoie. Pour rester dans la galerie "personnages", je rajouterais que chaque suspect a son caractère, un caractère bien défini. Nous avons la femme manipulatrice, la jeune fille modèle (mais qui cache bien son jeu), le serveur agressif au passé douteux, … En fait, on sent que l’auteur a travaillé individuellement ses personnages afin de les doter d’une personnalité unique. Même si - est-ce une volonté de sa part ou pas ? - la plupart ont des noms qui commencent par LA : Laudrec, Lazarec, Langer, … Tout comme l’auteur, finalement !

 

Premier roman de l’auteur - jeune auteur puisque né en 1989 - Laudrec, mélodie anonyme se lit aisément. L’auteur, bien que l’on sente par moment qu’il manque d’une certaine maturité d’écriture (des phrases parfois un peu longues, par exemple, mais cela est certainement dû au fait que j’ai eu une épreuve non corrigée) possède son style; j’espère qu’il poursuivra l’écriture dans la mesure où il m’a séduite. Fluide, agréable, … On ne se lasse pas ! Il est pourvu d’une belle imagination qu’il a parfaitement su maîtriser pour construire un roman abouti. On est pris dans l’histoire tant elle est captivante : une intrigue bien ficelée, des suspects en veux-tu en voilà, des rebondissements, des accusations qui tombent trop facilement, … En tant que lecteur, on se met à soupçonner tout le monde, et Christopher Launay fait en sorte que cela se fasse ; en effet, il nous permet de nous faire nos propres réflexions en ne livrant que partiellement celles de Laudrec. Et c’est cela qui est plaisant : tout ne tombe pas tout cuit, l’auteur nous fait, en quelque sorte, participer à l’enquête.

 

En réalité, Laudrec, mélodie anonyme m’a captivée car il nous plonge dans le passé, à une époque où la technologie n’existait pas et où il fallait trouver une cabine téléphonique pour appeler la PJ. Dit comme cela, ça peut faire sourire, mais finalement, ce n’est pas si lointain que ça ! Ce roman m’a fait penser à une série : Les petits meurtres d’Agatha Christie (sauf que là, nous nous trouvons dans les années quarante). Finalement, le seul point négatif, c’est sa longueur : il est presque trop court ! 160 pages, ça se lit vite, en deux heures à peine. Cela dit, l’histoire est tellement bien menée - sans temps morts - que quelques pages de plus auraient certainement cassé le rythme. Donc, pas de regrets !

 

Je remercie les Editions Persée pour m’avoir permis de découvrir ce roman qui fut un agréable moment de découverte pour moi. Et je félicite l’auteur qui réalise une belle performance avec ce premier roman. Laudrec, mélodie anonyme c’est un bon polar à la française qui nous fait voyager et réfléchir ! Je le conseille à tous ceux qui aiment les bons romans policiers.

 

Note : 17/20

Coup de cœur !

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