Parti en vacances sur les terres de son enfance dans les régions sauvages des fjords de l'est, le commissaire Erlendur est hanté par le passé. Le sien et celui des affaires restées sans réponse.

Dans cette région, bien des années auparavant, se sont déroulés des événements sinistres. Un groupe de soldats anglais s'est perdu dans ces montagnes pendant une tempête. Certains ont réussi à regagner la ville, d'autres pas. Cette même nuit, au même endroit, une jeune femme a disparu et n'a jamais été retrouvée.

Cette histoire excite la curiosité d'Erlendur, qui va fouiller le passé pour trouver coûte que coûte ce qui est arrivé...

 

Mon avis : 

 

Si vous me suivez, vous savez que cet auteur est une perle pour moi. Si vous me découvrez, sachez que cet auteur est une perle pour moi! Il a écrit plusieurs romans, plusieurs sagas toutes très bien, mais celle d'Erlendur a ma préférence. Je ne pense pas qu'il soit impératif de lire les romans dans l'ordre. Dès lors que l'on connait les grandes lignes, il est facile de comprendre le personnage. Les lire dans l'ordre de parution est un plus, mais pas forcément évident car ils sont traduits de l'islandais, et malheureusement, pas tous. 

 

Ici, pas d'enquête policière. Arnaldur ne partage pas la scène avec ses co-équipier, il est seul et maître du moment. Ayant perdu son frère lors d'une tempête de neige (il avait 10 ans et son frère, 8), il est perpétuellement à sa recherche. Pas forcément de son corps, mais d'une trace, d'un indice. C'est certainement pour cela qu'il est obsédé par les disparitions. En Islande, nombreux sont ceux qui disparaissent sans laisser de traces, et d'ordinaire, un roman d'Indridason traite d'une enquête officielle et d'une enquête officieuse, une disparition qui interpelle Erlendur et pour laquelle, il franchit parfois les limites, afin d'apporter un réconfort aux vivants laissés dans le doute. 

 

Alors qu'il est en vacances dans sa région natale - celle dans laquelle son frère a perdu la vie -, Erlendur entend parler d'une jeune femme ayant disparu en janvier 1942: Matthildur. Mariée à Jakob, c'est lui qui a signalé sa disparition. Sortie rejoindre sa famille, elle a disparu au cœur d'une tempête, tempête qu'a aussi affronté un groupe de soldats anglais dont tous les membres ont été retrouvés, morts ou vivants. Mais pas Matthildur. Erlendur questionne, interroge, fouille les passés des protagonistes et découvre ce qui est arrivé à cette jeune femme pleine de rêves. 

 

Une fois de plus, Erlendur mène donc deux enquêtes en parallèle. Sa curiosité est mise à rude épreuve avec l'histoire de cette femme et des non-dits qui planent entre les différents protagonistes. 

 

Indridason explore, une fois encore, la noirceur des hommes. Nous sommes immergés dans la tête du personnage principal, avec ses doutes, ses réflexions. Parfois, nous remontons le temps pour découvrir le passé lié à Matthildur, mais principalement, tout est selon le point de vue d'Erlendur. Torturé, cela ne l'empêche pas de parvenir à dénouer des nœuds, à faire des liens, à regrouper des informations, pour nous offrir un final magnifique. Indridason met en scène des hommes fatigués, aimants, fidèles. 

 

Ce roman apporte un bel éclairage quant à la personnalité du héros. On le sait depuis plusieurs romans, son attitude taciturne et fermée est liée en grande partie à la blessure non guérie de la disparition de son frère. Régulièrement, il en parle; régulièrement, il le cherche. Dans ce roman, nous faisons un bond en avant quant à cette disparition. Cela apaisera t-il Erlendur? Je ne vais pas vous répondre bien que je le sache pour avoir déjà lu les livres qui suivent celui-ci. 

 

Comme d'habitude, pas de rebondissements incroyables, mais une linéarité minutieusement ponctuée de détails qui pourraient sembler insignifiants mais qui, une fois assemblés par Erlendur, prennent sens. Dit comme ça, le roman peut sembler lent, loin d'un policier haletant, mais au contraire, le suspense est de mise car Erlendur nous entraîne dans ses quêtes et tout comme lui, on veut savoir ce qui est arrivé à Matthildur et à son frère. Une écriture à l'image du roman, simple et sombre à la fois. 

 

Nous sommes loin du roman policier classique. Il y a certes des enquêtes, mais rien d'officiel. Nous sommes davantage dans un roman noir avec un final magnifique bien qu'horrible. Un roman qui parle d'honneur, de trahison, d'amitié et d'amour. 

 

Note : 17/20