Une série de morts inexpliquées au sein de l'Église annonce-t-elle une menace d'attentat contre le pape, attendu à Porto ?
Tandis qu'au large de la ville croise le Varyag, un ex porte-avion russe transformé en casino flottant où les milliardaires s'affrontent à coups... de poker, sous les yeux de Lady Godiva, la plus célèbre chanteuse pop du monde. Comme si ça ne suffisait pas, Mario França a pour mission de retrouver Draier, membre de l'équipage d'un sous-marin allemand qui s'est sabordé non loin de là en 1945.
Et pourquoi Dubia, cette ravissante Gitane tout juste fiancée, a-t-elle disparu ?
C'est de son repaire au bord du Douro que notre irrésistible détective parviendra à dénouer les fils de cet incroyable imbroglio - avec une facilité déconcertante, pour ne pas dire agaçante !
Le deuxième volume de cette série confirme le talent de son auteur et... de son héros.
Mon avis :
Pour notre plus grand plaisir, nous retrouvons Màrio França ! Un grand merci aux Editions de l’Aube qui m’ont permis de lire ce deuxième volet.
Pour ceux qui ne le savent pas, Màrio França est le plus grand détective de Porto : des sens sur-développés, une capacité à voir ce que les autres ne voient pas, … Un héros pas ordinaire que j’ai eu le plaisir de découvrir dans le premier opus Quand les vautours approchent. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel est en quelque sorte la suite parfaite. Nous retrouvons notre détective, qui s’attèle à une autre enquête - que dis-je ?? plusieurs enquêtes ! - qui vont lui permet de mettre en avant ses nombreux talents.
Màrio França est donc sollicité pour une enquête ; ce qui tombe à pic puisqu’il s’ennuie un peu et surtout, il a des dettes auprès de sa propriétaire. On l’engage pour protéger et pour veiller sur la chanteuse pop du moment, Lady Godiva, menacée de mort. En effet, la veille, son sosie a été assassiné. Intéressé, França accepte et commence alors sa petite enquête. Et comme une seule enquête ne suffit pas, et disons aussi que tout le monde semble se réveiller en même temps, França accepte de rechercher une gitane disparue, de découvrir ce qu’il est advenu d’un Allemand ayant débarqué à Porto à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi de résoudre un problème de menaces terroristes envers le Pape dont la visite est imminente. Ah… dur d’être le meilleur détective de Porto !
Et c’est là, selon moi, que se joue tout le charme de l’auteur. A la différence des autres romans policiers (la plupart), le héros ne mène pas une enquête, mais plusieurs. França tente de résoudre différentes énigmes et sans se disperser, y arrive. Alors, sommes-nous largués, nous lecteurs ? Eh bien non. Car au fond, on se dit que toutes ont un lien entre elles, si bien que nous sommes attentifs à chaque détail, chaque mot. Toutefois, pour ne pas rendre son roman trop strict et rigide, l’auteur s’est davantage penché sur le cas Lady Godiva ; en effet, cette enquête prime sur les autres, ce qui donne l’impression qu’elle est le noyau central de toutes les affaires sur lesquelles travaille França. Une enquête auprès d’une pop star qui va permettre de confronter Màrio França a son talon d’Achille : les femmes. C’est donc avec sa nonchalance naturelle que notre détective va tenter de découvrir qui en veut à la pop star, mais aussi qui va tenter de tuer le Pape (l’ETA ? Al-Qaida ?), une enquête urgente dans la mesure où deux membres de l’Eglise ont été assassinés. Le tout, sans oublier de rechercher ce qu’il est advenu de l’Allemand et de la gitane. Dans tous les cas, le temps est compté et França ne peut se permettre de se la couler douce. Ce qui est amusant puisque parfois, nous n’avons pas vraiment l’impression qu’il travaille : il se promène, observe, décortique et réfléchit. Il n’agit pas beaucoup, mais analyse énormément. En parlant de temps, on peut situer l’action du roman en 2010, plus précisément entre mars et octobre dans la mesure où il est fait allusion à l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll.
Une question reste cependant en suspens: pourquoi, sur la pierre tombale (je ne dirais pas de qui!), l'épitaphe est-elle écrite au pluriel ? J'ai une petite idée, mais il est dommage de ne pas avoir l'avis de França sur cette interrogation qu'il se pose lui-même !
Si l’on a aimé Quand les vautours approchent, on ne peut qu’adorer ce deuxième volet. França, déjà décalé dans le premier l’est davantage dans celui-ci. En plus de prendre la vie au jour le jour, il améliore cette faculté qu’il a à se surestimer : "Au lieu de m’offrir une ovation finale, de se lever pour m’applaudir, ils m’ont tourné le dos en m’ignorant, déjà agrippés à leurs portables en train de communiquer des ordres. Des ingrats." Et puis, la fluidité poétique et l’aisance de l’écriture de Miguel Miranda ne peut que séduire le lecteur que nous sommes. Un deuxième opus narrant les aventures de França plus complexe que le premier (de deux, nous passons à quatre enquêtes), mais infiniment plus riche et travaillé. Un personnage principal à la fois détestable (rares sont ceux qui aiment les personnes aussi imbues d’elles-mêmes), mais en même temps attachant dans la mesure où malgré son travail passionnant, il se sent seul. On ne peut qu’être accro à cet homme qui résout les enquêtes avec une aisance à la fois captivante et irritante.
Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, un moment de plaisir qui passe trop vite ! Il me tarde de rencontrer à nouveau le superbe détective França au détour d’une ruelle de Porto !
Note : 20/20
Coup de cœur !
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