Tarchinini est rond, gourmand, volubile et un rien frimeur ; il est marié à Giulietta, ancienne reine de beauté devenue la mamma par excellence, irrésistible et soupe-au-lait. Chez eux la vie n'est pas de tout repos, mais un mot règne en maître, l'amour...
Ah, l'amour... Pour le commissaire Tarchinini, il est même l'unique et formidable ressort de tous les crimes. Et les crimes ne manquent pas dans l'Italie d'Exbrayat. On y poignarde, on y, étrangle, on y fusille même à l'occasion. Aussi, quand l'enquêteur Leacok arrive à Vérone pour s'initier aux méthodes policières européennes, il ne comprend rien à rien. Nul doute que sa froideur toute bostonienne fera des étincelles auprès de l'exubérance italienne de notre héros...
Mon avis :
Un roman policier dans lequel l’humour est roi ! Pauvre Leacock… Le voilà arriver dans une ville où l’amour est roi, lui l’amoureux des démonstrations scientifiques ! Chaque action, chaque décision, chaque pensée, est forgée par l’amour et vouée à l’amour. Agacé par les démonstrations d’affection que les Véronais exposent sur la place publique, mais aussi par la nonchalance de la police ("-Un cadavre nous attend, signor commissaire !" "-Je ne pense pas qu’il s’impatiente, signore…"), Leacock est, on peut le dire, largué par ces Véronais qui vouent à leur ville, un culte immense : "Il s’est supprimé ! Se supprimer quand on a la chance d’habiter Vérone ! Vous n’allez pas me dire qu’un jeune homme sain d’esprit agirait de cette façon pour remercier le bon Dieu de l’avoir fait naître dans la plus belle ville du monde ? Sans compter que le bon Dieu, pour si brave qu’il soit, ça ne doit pas lui plaire, une pareille ingratitude !" Vous l'aurez compris, ces Véronais sont fous de leur ville et sont persuadés qu'elle est la plus belle du monde. Cette certitude est, à plusieurs reprises citée, et entraîne Leacock dans des réflexions parfois sombres. Obligé de collaborer avec cet excentrique commissaire Roméo Tarchinini, Leacock se laisse, malgré sa bonne volonté, charmer par la ville et ses habitant(e)s. Tarchinini l’embarque dans son univers (Leacock rencontre la belle Giulietta, épouse du commissaire) et ensemble, ils vont tenter de découvrir qui a tué Eugenio Rossi. Mais dans la ville de Roméo et Giulietta, là où l’amour est éternel, les apparences sont parfois trompeuses…
J’ai adoré me replonger dans les aventures de Tarchinini ! Et pour mon plus grand bonheur, il y a 8 volumes qui relatent les aventures de ce commissaire atypique mais charmant.
Exbrayat nous immerge dans une culture italienne romantique. Il place son histoire à Vérone, haut lieu de l’amour depuis l’histoire tragique de Roméo et Juliette ; un tragique que les italiens d’Exbrayat cultivent et adorent. De grandes démonstrations, des annonces de suicides, … l’américain Leacock tombe dans le panneau et se perd dans la compréhension de ce peuple. Mais pour replacer cette histoire, il faut savoir qu’elle fut écrite en 1959, l’image que l’on a des italiens à ce moment-là est bien différente de celle que l’on a aujourd’hui. Cependant… pour avoir vu Vérone, j’ai beaucoup aimé lire les passages dont l’action se déroule en des lieux que j’ai connu. Vérone est sans conteste une ville magnifique, j’adore et si j’avais la possibilité, je m’y installerais !
J’ai pris énormément de plaisir à lire Chewing-gum et spaghetti (notons là l’opposition USA/Italie), davantage pour l’humour que pour une intrigue policière qui, bien que bien ficelée, n’est pas mise en avant à la différence des comportements aussi bien de Leacock que de Tarchinini. Ce dernier est un vrai italien : fantasque et charmeur, il est aussi nonchalant et frimeur ; l’opposé de Leacock qui est froid, ponctuel et adepte d’une certaine rigueur. Deux caractères différents, on peut se demander si l’auteur n’a pas voulu se moquer gentiment de ces deux nations ?! Rappelons que nous sommes moins de 20 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Quoi qu’il en soit, Exbrayat parvient à nous faire rire, surtout aux dépends de l’américain. Et c’est là l’atout charme de ce roman !
On passe un agréable moment à lire les situations cocasses dans lesquelles se trouve plongé notre héros américain et finalement, on se dit que Tarchinini a choisi une bonne façon de vivre : traaaaanquille…
Note : 17/20
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