Eté 1941. Tatiana et Alexandre se rencontrent le jour où l'Allemagne déclare la guerre à l'Union soviétique. Elle est russe, lui, bien qu'officier de l'armée Rouge, est américain. Ils s'aiment au premier regard, d'un amour absolu et interdit : lié par un terrible secret, Alexandre est promis à la sœur aînée de Tatiana.

Ensemble, les amants illicites affronteront tous les dangers de cette guerre qui va bientôt précipiter la ville dans l'horreur, la famine, la peur, le froid, la mort.

Mais une épreuve bien plus cruelle les attend...

 

Mon avis:

 

Moins de quarante-huit heures… C’est le temps qu’il m’a fallu pour dévorer les 715 pages que compte mon édition. Et c’est comme ça à chaque fois que je plonge dans l’histoire de Tatiana et d’Alexandre. Si bien qu’en moins d’une semaine, la trilogie est bouclée ! Autant le dire : à l’instant même où je commence à lire "La lumière du matin baigna subitement la pièce. Tatiana Metanova dormait du sommeil lourd de la jeunesse en ce mois de juin que berçaient les "nuits blanches" de Leningrad" il ne faut plus rien attendre de moi ! Une bulle invisible me coupe du monde et m’enchaîne à cette poignante histoire. Pourquoi ? Tout simplement parce que Tatiana c’est l’histoire d’amour - et de guerre - la plus romanesque, romantique, la plus dure, … qu’il m’ait été donné de lire. Passionnée, excessive, à la folie, … Avec l’histoire de Tatiana et d’Alexandre, nous sommes dans l’absolu. Le plus total. Et dans tous les sens.

 

Lorsque leurs regards se croisent pour la première fois, ce 22 juin 1941, l’Union Soviétique vient d’être attaquée par l’Allemagne. Devant un arrêt de bus, Alexandre et Tatiana vont se trouver et dès lors, s’aimer. Seulement, Dasha a mis le grappin sur lui quelques jours auparavant. Quand Tatiana - et Alexandre - s’en aperçoivent, tout se complique. Entre sa loyauté envers sa sœur et son amour pour Alexandre, Tatiana va lui demander l’impossible. Et pour ne pas la perdre, il va accepter. Néanmoins, ils trouvent le temps de se trouver et de parler. Alexandre lui raconte son passé, elle l’écoute. Tous deux se satisfont de mots, de gestes tendres, de moments de complicité : "Désormais, elle avait l’impression de vivre en elle-même comme dans un camp retranché : un fossé s’était creusé autour d’elle, un fossé infranchissable baptisé Alexandre. Elle ne vivait plus que pour le moment où il venait la chercher à la sortie de l’usine, un moment qui la projetait dans le souci de l’avenir et dans des sentiments douloureusement contradictoires qu’elle ne parvenait ni à exprimer ni même à comprendre. Des amis qui se promènent dans les nuits blanches de Leningrad. C’était tout ce qu’elle pouvait attendre : une heure d’ "amitié" au bout d’une interminable journée de travail, une heure où son cœur vibrait, où son souffle se faisait court - une heure de bonheur." Tatiana et Alexandre vont donc se cacher des autres et attendre… Attendre quoi ? La fin de la guerre ? Des jours meilleurs ? Amoureux, ils le sont, mais Tatiana ne peut se résoudre à faire souffrir sa sœur qui aime Alexandre : "Poser les yeux sur lui la dénonçait, les détourner et feindre de ne pas le voir la trahissait tout autant - peut-être même davantage (…) Alexandre avait de la chance : plus âgé qu’elle, il avait plus de facilité à faire semblant."

 

La guerre s’installant à Leningrad, Tatiana va perdre tous ceux qui lui sont chers, les uns après les autres. Alexandre parvient à les évacuer, elle et Dasha, avant de repartir pour le front. Ils se retrouveront des mois plus tard et auront, enfin, la possibilité de vivre de leur amour. Se marier mais repartir sur les champs de batailles, telle est la vie d’un soldat. Têtue et amoureuse, Tatiana fera tout son possible pour retrouver son Alexandre. Quitte à mettre sa vie en danger.

 

Lorsque nous refermons le livre, nous laissons Tatiana seule, enceinte, loin de l’Union Soviétique qu’elle a fui. Et Alexandre, prétendu mort au fond du lac Ladoga…

 

Ce roman, il vous emporte et vous émeut. On lit Tatiana on voit Tatiana ; on lit Alexandre, on voit Alexandre. L’écriture est telle qu'on a l’impression que le film passe devant nos yeux. Personnellement, j’irais jusqu’à dire que l’on ne peut que tomber amoureuse (ou amoureux !) des personnages et de leur histoire. Ils tentent de vivre en temps de guerre ; ils ont trouvé une raison de vivre et s’y accroche : "Elle n’avait pas dit : "Cet homme est à moi" - et elle ne le disait pas encore aujourd’hui. Non, c’était lui qui était venu à elle, alors qu’elle était absorbée dans sa petite vie solitaire, lui qui lui montrait une autre existence, plus vaste. C’était lui qui avait traversé la rue et dit : Je t’appartiens."

 

L’amour passionnément fougueux qui unit nos deux protagonistes ne peut que nous séduire. On aime leur timidité, leurs gestes tendres, leur passion et leur souffrance : "Partout où elle posait le regard, elle ne voyait qu’une chose : un vide - son absence." Alexandre, personnage torturé d’amour, possessif, jaloux et très coléreux ne m’a pas du tout choquée : il aime Tatiana, veut la protéger, mais la guerre abîme les hommes. Il peut être à la fois ultra attentionné, doux et violent, coléreux.

 

Et comme si le simple fait que Dasha aime Alexandre ne suffisait pas, l’Allemagne a rompu son traité de paix et envahit celui qui fut son allié, plongeant ainsi les Soviétiques dans l’horreur. En cela aussi, le roman me plait. La Seconde Guerre Mondiale est encore très présente aujourd’hui : en France, dans chaque ville, au moins une rue porte le nom d’un personnage s’étant illustré (Jean Moulin, De gaulle, ...) ; et ayant habité à Munich, je peux dire qu’en Allemagne aussi, les souvenirs de la guerre sont présents. Et finalement, à force de vivre dans ces villes teintées de cette mémoire, on n’y fait plus forcément attention. Aujourd’hui, je vis en Suisse et ici, la guerre n’a pas eu lieu. Ça fait bizarre d’ailleurs de ne rien voir qui nous la rappelle. Bref, tout ça pour dire que nous petits français, avons étudié la guerre, essentiellement du point de vue français (à ce propos, c’était super intéressant de le découvrir du point de vue allemand), si bien que là, nous la découvrons du point de vue soviétique. La politique, le régime, les souffrances du peuple, les appartements collectifs, … Paullina Simons ne nous épargnent rien et nous livre un portrait de l’Union Soviétique pas joli-joli. Au cœur de ce chaos, deux âmes vont tout faire pour s’en échapper.

 

Lire Tatiana c’est s’engager à supprimer quelques heures de sommeil, à hurler intérieurement "mais pourquoi ??", à sentir son cœur s’emballer, à se laisser posséder par leur histoire et à continuer à la vivre avec les deux tomes suivants !

 

Note: 20/20

 Coup de cœur !