C’était Roméo et Juliette et patatras : c’est peines d’amour perdues… Plaquée par l’homme de sa vie, Rosa est prête à tout pour le récupérer. Au point de croire aux boniments du magicien Prospero, spécialiste ès voyages dans le temps et retour d’affection… Mal lui en prend car, sitôt ensorcelée, la jeune femme reprend conscience dans la peau de… William Shakespeare.

Si la vie et l’amour ont un sens, la colocation cérébrale avec le grand Will risque de faire sauter quelques certitudes…

 

Mon avis:

 

Désopilant, cocasse, hilarant, … Les adjectifs à pouvoir qualifier ce roman sont nombreux !

 

L’histoire commence avec la classique rupture. Élément de base de beaucoup de romans, c’est souvent la suite qui diffère. Dans Sors de ce corps, William !, nous faisons la connaissance de Rosa, larguée par celui qu’elle pensait être le grand amour de sa vie, Jan. Eh non ! Jan en aime une autre, Olivia. Si au début, elle pense ruiner leur mariage, elle ne s’en réjouit pas totalement. Son meilleur ami, Holgi, fait tout pour lui remonter le moral, en vain. Un soir, elle accepte d’aller au cirque avec l’un de ses collègues (enfin, un peu plus pendant une dizaine de secondes !). Là, elle assiste au spectacle du magicien Prospero. Pas naïve pour un sou, elle a du mal à croire en sa soi-disant magie. Jusqu’à ce qu’elle se retrouve dans sa roulotte, après le spectacle, et qu’elle subisse les foudres de sa magie. Avec pour mission, de découvrir ce qu’est le véritable amour. Autant le dire, c’est pas facile !

 

Transportée dans le Londres de 1594, elle "atterri" dans le corps de Shakespeare, ni plus ni moins. Tout cela, à cause d’une histoire d’âmes qui continuent de vivre de par les siècles. Seulement, un simple voyage dans le temps, cela aurait été trop beau : non, il faut que William (c’est-à-dire, aussi Rosa) sauve l’Angleterre. Comment ? En réunissant un couple qui n’est autre que les âmes antérieures de Jan et Olivia.

 

Des situations cocasses, un William qui part dans le futur en s’installant dans le corps de Rosa, des sentiments découverts, … Sors de ce corps, William ! est un roman qui assure un moment de délire total : "Avec l’argent qu’elle avait coûté, on aurait sans doute pu racheter la dette d’un Etat africain."

 

David Safier est un auteur dont la plume est à chaque fois décalée. Ce troisième roman reste dans la même veine que les précédents : une comédie hilarante et tendre à la fois. Car même s’il prend quelques largesses avec l’histoire de Shakespeare, on est séduit par l’image qu’il donne du personnage. Donc oui, il prend quelques libertés avec la vie de Shakespeare, toutefois, il en garde une bonne partie : sa femme Anne, leurs enfants, le nom de son théâtre, son village natal, ses œuvres, … A ce titre, Shakespeare nous raconte, à la fin, qu’il a écrit Comme il vous plaira en hommage à Rosa (le personnage principal se nommant Rosalinde), ce qui n’est pas le cas ! En fait, en mêlant habilement le réel de l’imaginaire, David Safier réalise un roman qu’il faut absolument lire !!

 

Le petit côté Roméo et Juliette pour nous parler de l’histoire de Shakespeare et sa femme (ici, elle est morte en se suicidant, seulement, en réalité, elle est décédée après lui) : "Il y avait à Stratford deux maisons, celle du gantier Shakespeare et celle du fermier Hathaway, égales en dignité, mais ennemies à cause d’une vielle rancune."

 

L’écriture… Parfaite ! Nous avons donc Rosa et Shakespeare, tous les deux dans un même corps. Et tous les deux parlent, pensent, … Toutes les répliques de Shakespeare sont en italiques, ce qui nous évite de nous perdre ! Il se permet même une petite allusion à son premier roman, Maudit Karma : "Celle de la femme carriériste qui se retrouvait changée en fourmi."

 

Bref, Sors de ce corps, William ! est un roman indispensable tant il est excellent. On ne se lasse pas, on a hâte de connaître la fin (qui ne finit pas trop mal, faut le dire), on aime le style de Safier et la façon dont il mêle le réel et l’imaginaire. Et pour le coup, pourquoi ne pas s’intéresser un peu plus à la vraie vie de Shakespeare ?!

 

En parlant de réel et d’imaginaire, la jaquette aussi est pas mal !

 

Note: 18/20

  Coup de cœur !