Lola a été adoptée à l’âge de trois mois. De nos jours, à presque 30 ans, elle travaille dans le salon de thé de ses parents, en attendant de trouver enfin le métier de ses rêves : libraire.

Mais sa vie va basculer lorsqu’elle apprend que sa grand-mère biologique, qui vient de décéder, lui a légué un étrange testament : une maison et son histoire dans le petit village d’Aubéry, à travers des lettres lui apprenant ses origines.

Elle découvre ainsi la vie de son arrière grand-mère Louise, de sa grand mère Rose et de sa mère Nadège, ainsi que les dérangeantes circonstances de sa naissance.

Mais tous les habitants ne voient pas d’un bon œil cette étrangère, notamment Vincent, son cousin.

Et il y a également le beau Jim, qui éveille en elle plus de sentiments qu’elle ne le voudrait.

Réveiller les secrets du passé lui permettra-t-elle d’avancer vers son avenir ?

 

 

Mon avis : 

 

Je vais commencer cette chronique en vous avouant – et en reconnaissant en toute humilité – qu’elle ne sera écrite qu’avec des mots encensant les qualités, et de la plume, et de l’histoire. Vous voilà prévenus :-)

 

Lola est, comme l’explique le résumé, une presque trentenaire qui découvre qu’une grand-mère dont elle ignorait tout lui lègue quelque chose. Adoptée à la naissance, elle ne comprend pas trop en quoi elle est concernée et surtout, se pose une question : si ladite grand-mère connaissait son existence, pourquoi avoir eu recours à l’adoption ? Elle décide de se rendre dans le village d’Aubéry pour y rencontrer le notaire qui doit lui lire le testament de Rose Garnier. Mais là, surprise de taille, elle se découvre un cousin et accepte l’héritage de Rose qui consiste en l’une de ses maisons. Oui mais Rose réserve aussi un jeu à Lola : découvrir, au sein de la maison, les raisons de son abandon et pour cela, remonter le fil du temps et découvrir l’histoire de ses ancêtres. Et Lola va aller de découvertes en surprises…

 

Dès les premières lignes, l’auteure m’a convaincue. Lola est une jeune femme ancrée dans son temps, se contentant de vivre avec ce qu’elle a sans oser se lancer, une personnalité non pas atypique mais contemporaine car aujourd’hui, monter un projet est à la fois compliqué et angoissant. J’ai aimé ce personnage entier sur bien des choses – la relation avec ses parents, avec son meilleur ami, sa loyauté envers elle-même – mais en même temps très fragile – les relations amoureuses en sont une preuve – qui n’ose pas toujours franchir le petit pas qui lui permettrait de mettre un voile sur ce sentiment de peur. L’auteure n’en a pas fait une héroïne fonceuse et naïve, mais crédible, et c’est là son atout charme puisque l’on peut facilement s’identifier à elle (dans les grandes lignes car ce n’est pas tout le monde qui reçoit un tel courrier !).

 

"Depuis des années, je me passionne pour ces inconnus ayant vécu l’Histoire, évoluant dans leur quotidien sans même se douter qu’un jour une petite nana peut-être un peu cinglée tenterait d’imaginer ce qu’avait été leur vie." (une citation qui me parle car moi-même, je me prends souvent à imaginer les personnes ayant foulé les pavés sur lesquels je marche, il y a de ça cinquante ans, cent ans, même plus).

 

Si Clarisse Sabard a su me séduire avec son personnage principal, que dire de l’histoire en elle-même ?! Sincèrement, moi qui aime les romans à la fois mystérieux et romantiques, j’ai été plus que servie avec Les lettres de Rose. Le deuxième atout charme est donc la construction du roman puisque les époques s’alternent tout en suivant la chronologie. Nous rencontrons Lola en 2015, puis remontons le temps en 1910 pour y faire la connaissance de Louise, retour à Lola, puis on repart en 1920 et ainsi de suite. En fait, c’est au fil des découvertes réalisées par Lola que nous allons en apprendre davantage sur sa famille et pour cela, remonter le passé jusqu’à arriver au présent. L’alternance des époques est une pratique que j’apprécie énormément, une pratique qui demande une certaine maîtrise pour que la fluidité soit au rendez-vous et surtout, que les chapitres ne soient pas trop courts au risque de lasser le lecteur. Non, il faut doser habilement chaque histoire pour captiver le lecteur. Kate Morton est pour moi une référence pour cette pratique, elle jongle à la perfection entre les époques, et même si cela est sans doute prématuré (je rappelle qu’il s’agit là d’un premier roman), Clarisse Sabard s’engage magnifiquement sur ses pas (à la condition de poursuivre son écriture avec ce genre de récit).

 

"(…) nous avons appris à nous connaître, à nous manquer, à nous aimer."

 

Les personnages sont complets. J’ai déjà parlé de Lola, je vais donc m’attarder sur Rose, Tristan ou encore Louise. L’auteure a travaillé des personnages féminins torturés, entiers, déterminés et fatalistes. Si on peut reprocher certaines actions à Louise, on peut aussi la comprendre pour d’autres. Pour Rose, il en est de même. Lola m’a séduite, Rose m’a conquise. J’ai tout simplement adoré voir l’évolution cette femme passionnée qui aura su accepter ce qu’on lui a donné. Et avec beaucoup de classe. Tristan est… comment dire… ? J’en ferais bien mon meilleur ami ! Tristan est le meilleur ami de Lola depuis que sa grand-mère ("adoptive") a tenté de les caser ensemble. Oui mais ça ne l’a pas fait car Tristan est homosexuel. Dès les premières lignes de celui-ci, on le sait, et franchement, j’avais peur des clichés, mais l’auteure a réussi à ne pas tomber dans la caricature. Tristan est fantasque, toujours présent, sincère et surtout, il a toujours réponse à tout ! Les personnages sont nombreux, je pourrais aussi vous parler de Jim, de Frederick ou encore de Martin. Mais je laisse une place au mystère, à la découverte. Ce qui est certain, c’est que tous sont attachants, d’une façon ou d’une autre.

 

Pour finir, la plume. Elle est mature, très mature même pour un premier roman. Fluide, addictive aussi (mais ça on le doit aussi à l’histoire), sincère et romantique. J’ai dévoré ce roman qu’il est impossible de lâcher dès lors qu’on le commence. L’histoire mystérieuse donne plus qu’envie d’en découvrir le mot de la fin. Les lettres de Rose, c’est l’histoire d’une recherche familiale mais aussi l’histoire de cette jeune femme un peu paumée qui doit faire un travail sur elle.

 

Un grand merci aux Editions Charleston pour ce moment de lecture à la fois doux et passionné.

 

Note : 18/20

   Coup de cœur !