Kate Morton - Les brumes de Riverton

Eté 1924, dans la propriété de Riverton.

L’étoile montante de la poésie anglaise, lord Robert Hunter, se donne la mort au bord d’un lac, lors d’une soirée. Dès lors, les sœurs Emmeline et Hannah Hartford, seuls témoins de ce drame, ne se sont plus adressé la parole. Selon la rumeur, l’une était sa fiancée et l’autre son amante…

1999. Une jeune réalisatrice décide de faire un film autour de ce scandale et s’adresse au dernier témoin vivant, Grace Bradley, à l’époque domestique au château.

Grace s’est toujours efforcée d’oublier celle nuit-là. Mais les fantômes du passé ne demandent qu’à se réveiller…

 

Mon avis:

 

Une fresque romanesque captivante… Tout commence avec l’arrivée d’Ursula, cette réalisatrice qui va obliger Grace à revivre une époque. Au fil des rencontres, Ursula va devenir une "amie" qui permettra à Grace de revoir Riverton une dernière fois. Nous faisons donc la connaissance de Grace, 14 ans, qui entre au service des Ashbury au château de Riverton (Essex). Très vite, elle est fascinée par David et ses deux sœurs, Hannah et Emmeline. Un jour, David revient d’Eton accompagné d’un ami, Robert Hunter. Sentant son frère lui échapper, Hannah s’enferme et en veut à Robert de lui voler des vacances en famille. Mais la Première Guerre Mondiale éclate et la famille se retrouve exposée à la perte d’êtres chers. Toutefois, comme il faut bien avancer, Hannah va se marier, contre l’avis de son père avec lequel elle restera fâchée jusqu’à sa mort. A Londres, elle s’ennuie. Jusqu’à ce que Robert Hunter fasse son apparition, près de dix ans après leur première rencontre… Malheureusement, Emmeline est aussi de la partie et Hannah va devoir dompter ses sentiments…

 

C’est au travers des souvenirs de celle qui est entrée comme simple bonne au service des Ashbury pour finir camériste (femme de chambre attitrée d'Hannah) que nous apprenons ce qui s’est réellement passé cette nuit-là, au bord du lac. Un secret enfouit depuis des années, certainement en raison du remord et de la honte qu’il suscite chez Grace.

 

Tout le roman tourne autour d’une question : que s’est-il réellement passé au bord du lac ??? Car Ursula n’a jamais trouvé d’archives relatant les faits, si bien qu’elle a dû broder. Mais Grace sait… elle était là.

 

Avec Les brumes de Riverton nous tenons entre nos mains une réelle saga familiale et romanesque: la bonne société anglaise, un personnel dévoué, les obligations des jeunes filles, des jeunes filles toutes plus belles les unes que les autres, des jeunes hommes parfaits, mais aussi la torture des hommes revenus du front, la complexité des sentiments ; un ensemble qui contraste étonnement avec l’émergence des années folles qui poussent la jeunesse dorée à de folles excentricités.

 

L’auteure nous plonge dans une histoire où les secrets sont légion. Un suspense que Kate Morton va prolonger jusqu’au bout, jusqu’à la dernière page. Et le plus frustrant, c’est que l’on alterne la vie actuelle de Grace et ses souvenirs, si bien qu’elle nous distille quelques indices de ci de là. Sans oublier qu’elle nous raconte ce qui s’est passé après avant même de relater la scène tant attendue ! Bref, de quoi tenir le lecteur en haleine. Grace nous racontant ses souvenirs (en réalité, elle le fait via des enregistrements qu’elle destine à son petit-fils), nous savons ce qui arrive à Emmeline dès les premières pages. Mais rien sur Hannah. Si bien que nous lecteurs sommes tentés de formuler tout un tas d’hypothèses sur sa vie et sur la fin de Robert Hunter. Mais une fois la vérité lue, on ne peut que comprendre pourquoi les deux sœurs ne se sont plus jamais parlé.

 

La puissance de l’amour, la façon dont il chavire et/ou détruit ceux qu’il touche, voilà ce qui est évoqué dans Les brumes de Riverton. Et je ne parle pas que d’Hannah…

 

Note: 19/20

  Coup de cœur !

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