Kathryn Hughes - Il était une lettre

Tina est malheureuse auprès d'un mari trop porté sur la boisson et souvent violent. Le week-end, pour ne pas être à ses côtés, elle se réfugie dans une boutique caritative où elle est vendeuse bénévole. C’est alors que sa vie bascule lorsqu'elle y découvre une lettre dans la poche d'un vieux costume. Cette lettre n'a jamais été ouverte, le timbre n’est pas cacheté et elle date de septembre 1939 : c'est une demande en mariage.

Très émue que la destinataire n’ait jamais reçu cette demande, Tina va mener l'enquête et découvrir l'histoire bouleversante d'un amour impossible… Celui de Chrissie, jeune sage femme de 17 ans qui tombe éperdument amoureuse du jeune séducteur de son quartier, malgré les réticences de son père, un médecin très strict. La guerre finit par exploser et son grand amour est contraint de partir au front, la laissant enceinte, et seule face à ce secret honteux qui va faire exploser sa cellule familiale.

Pendant que Tina poursuit ses recherches, elle découvre qu’elle aussi est enceinte, mais d’un homme qu’elle n’aime plus. Elle décide d’essayer de retrouver à tout prix Chrissie et son enfant, en espérant ainsi redonner du sens à sa vie.

 

Mon avis : 

 

Il était une lettre fait partie de cette catégorie de romans qui nous attirent sans que l’on sache vraiment pourquoi. Le titre ? Le résumé ? La couverture ? A mon avis, ce n’est rien et tout cela à la fois. Ce roman, réunit tout ce que l’on recherche si on veut lire une belle, une magnifique, une douloureuse histoire. Et Kathryn Hughes nous en offre deux pour le prix d’une : celle de Chrissie et Billy à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, et celle de Tina et Rick au milieu des années 1970.

 

Tina est une femme battue. Le sujet n’est pas tabou, mais elle se persuade que son mari peut changer. Elle a même la naïveté de penser que leur bébé à venir va changer les choses. Mais non Tina, un homme violent restera un homme violent. Aussi, lorsqu’elle découvre une mystérieuse lettre où il est fait mention d’une demande en mariage, elle se doit de retrouver la destinataire. A mon avis, cette recherche, c’est un peu son échappatoire. Ses recherches vont lui permettre d’ouvrir les yeux mais vont aussi condamner certaines personnes.

 

L’auteure alterne très habilement entre les deux époques, et ce en y restant assez longtemps. De trop courts chapitres, quelle frustration ! Heureusement, Kathryn Hughes prend le temps de s’attarder sur ses deux héroïnes, de nous en dévoiler leurs histoires, leurs passions mais aussi leurs failles. On s’attache forcément à Tina et Chrissie. On a de la peine pour ce qu’elles endurent, et on admire le courage dont elles font plus ou moins preuve.

 

L’auteure, qui m’est totalement inconnue, traite de thèmes graves, lourds, tabous pour les époques dont il est question ; des thématiques qui se retrouvent aussi bien à l’époque de Tina qu’à celle de Chrissie, bien que certaines aient évoluées : le regard des autres, cette société pour laquelle l’apparence l’emporte sur tout le reste – le qu’en dira-t-on aussi – le droit de choisir celui ou celle que l’on veut épouser, la religion qui fait main basse sur les malheurs des gens, la religion qui est en quelque sorte la dernière solution pour régler (ou cacher) un problème (oublions le dialogue, ce serait trop compliqué !), cette religion qui est comme un refuge pour certaines, la violence physique et morale, la domination que l’un exerce sur l’autre, l’amour véritable qui continue de vivre, l’espoir ou encore la prise de conscience. Tous ces thèmes sont traités subtilement, sans juge ni parti, sans tomber dans le pathétique. Et cela, nous le devons en grande partie à la plume de Kathryn Hughes qui ne s’embarrasse pas de redondance pour donner au lecteur l’envie de s’apitoyer. A mes yeux, elle a une écriture très visuelle (peu d’auteurs ont cette capacité toujours admirable), que ce soit pour ses personnages ou le paysage : on ne lit pas, on voit le regard de la mère de Chrissie, on voit la rivière, on voit la peur de Tina, on voit les blessures, … C’est cette écriture qui contribue à rendre attachantes les héroïnes, nous sommes vraiment ancrés dans l’histoire, cela donne le sentiment d’évoluer littéralement aux côtés de ces femmes.

 

Les personnages sont complets. Les mieux décrits sont nos deux héroïnes, mais les autres ne sont pas en reste. On les aime ou on les déteste, l’auteure a là aussi maîtrisé l’art de la description.

 

Ce roman m’a énormément plu, je me suis surprise à regretter de l’avoir lu si vite. Malgré tout, quelques points m’empêchent d’en faire un coup de cœur, des points arrivés sur le tard, si bien qu’il partait comme un coup de cœur. Ceci dit, un roman excellent que je vous recommande vivement.

 

En toute sincérité, je pense qu’il ferait un bon film. Je vous l’ai dit, l’écriture visuelle… !!

 

Note : 17/20

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Commentaires: 4
  • #1

    Marine Le Puy des Livres (vendredi, 07 octobre 2016 18:02)

    J'aimerais beaucoup lire ce roman mais les avis plutôt inégaux me retiennent un peu.

  • #2

    Les Mots de Gwen (lundi, 10 octobre 2016 10:25)

    Comme je l'ai aimé, je te le conseille, mais je comprends que tu veuilles attendre un peu pour le découvrir, qu'il ne soit pas une priorité!

  • #3

    Candyshy (jeudi, 20 octobre 2016 10:37)

    Ce livre me tente beaucoup depuis sa parution, ton avis m'encourage à l'acheter malgré l'absence de coup de coeur, tu as beaucoup aimé donc un jour j'espère également le découvrir :)
    à bientôt

  • #4

    Les Mots de Gwen (lundi, 24 octobre 2016 13:29)

    J'espère que tu auras l'occasion de le lire, il est vraiment très beau. Bises, à bientôt :)