À la fois, femme et enfant, rêvant du prince charmant à l’instar d’une Bridget Jones, mais au cœur de Paris et en plus déjanté. Anna trouvera-t-elle le grand amour entre les vapeurs d’alcools et la fumée des cigarettes interdites mais toujours présentes.
C’est ce parcours initiatique entre l’enfance et l’âge adulte, avec humour et dérision que nous livre ce premier roman tendre, drôle et parfois cynique d’une jeune femme d’aujourd’hui.
Mon avis:
Ma première question : toutes les femmes célibataires, de Paris ou d’ailleurs, sont-elles comme Anna ??? Si oui, alors elles tournent aux plans cul, à l’alcool et à l’herbe. Pour parler franchement, je ne sais pas si j’adore ou si j’aime ce roman. Voyons d’abord ce qui m’a beaucoup plu chez lui !
Le sujet est intéressant : dans une société où le sexe est de plus en plus mis en avant, une certaine liberté s’est instaurée et les femmes d’aujourd’hui ont moins de scrupules à agir comme les hommes d’autrefois, c’est-à-dire une nuit sans sentiments. Anna le fait avec Romain, ça ne la dérange pas, lui non plus. Jusqu’au moment où les choses changent. Car finalement, elle ne veut pas d’engagement, juste un bon moment. Il y a aussi son Irlandais qui l’invite chez lui mais qui se révèle être un homme marié ! Bref, pauvre Anna. D’autant plus qu’elle croise, après un an de silence, celui qu’elle aime depuis des années : le frère de son amie, Adam. Adam, son grand amour. Celui qui lorsqu’il la regarde, la fait frémir. Adam qui vient de larguer sa copine, Adam qui reste à ses côtés quand ça ne va pas, Adam qui… Stop pour le moment !
Autre point intéressant, c’est la vision qu’Anna a de la vie (on peut se demander si l’auteur a voulu nous faire passer un message ?!). Anna analyse, cherche des explications à ce qui lui arrive et nous offre, à plusieurs reprises, ses réflexions, certes crues et brutales, mais qui méritent que l’on y réfléchisse nous-même : "Je contemple l’eau qui s’écoule, charriant des milliers de litres à la seconde sans rien laisser paraître. Quelle drôle d’idée de compter les litres, comme si l’on pouvait fractionner cette entité, dissocier les éléments de ce corps fluide et uni qui avance jusqu’à la mer dans un mouvement continu, ce serpent infini qui se mord la queue. Comment le dissocier de la mer elle-même, de la condensation, de la pluie, de toute l’eau du monde ? Comment en arrive-t-on à se sentir si seul, alors que l’on dépend si intrinsèquement de tout ce qui existe d’autre ?". Bien sûr, tout le roman ne ressemble pas à ça, mais c’est la vision d’une jeune femme d’aujourd’hui, avec ses souffrances et ses questions.
Il en découle que Julie Manoukian possède une très belle écriture. Quand je lis ses mots, j’ai le sentiment qu’elle les a écrits sans trop réfléchir, naturelle, qu’elle pense réellement ce qu’elle écrit. Une fluidité des plus agréable (pas facile pourtant quand les phrases sont longues), un ton juste, un vocabulaire, dans l’ensemble bien choisi.
Le point négatif: la vulgarité. Je le disais précédemment, le vocabulaire est bien choisi. Mais dans l’ensemble. Parce qu’il est vrai que s’il l’on est un peu prude, il vaut mieux passer son chemin et ne pas lire ce roman. Les mots "baise", "putain", "merde" ou encore "couilles" reviennent fréquemment. Mais, finalement, les jeunes parlent comme ça aujourd’hui, donc ça ne choque qu’à moitié. En réalité, ce qui choque, c’est de les voir écrits ! Et encore... Lire ses mots n'est pas un problème en soi, c'est surtout de se rendre compte que nous sommes devenus vulgaires!
Mis à part ça, on se laisse happer par l’histoire. Une histoire d’amour en somme. Que ce soit l’amour qu’Anna porte à ses copines (toutes les quatre, très solidaires), l’amour qu’elle porte à sa petite sœur (adolescente !), l’amour qu’elle porte à son chat ou encore l’amour qu’elle porte à l’amour lui-même. Car Anna aime l’amour, surtout celui qu’elle porte à Adam ; même chose pour celui qu’elle perçoit dans ses regards à lui : "C’est aussi ce qu’il y a de plus délicieux au monde, être amoureuse, la façon la plus intense de se sentir non seulement en vie, mais unique."
On le lit une fois, histoire de savoir à quoi ressemblent les débauches ordinaires (boire, fumer, … ), on le lit une deuxième fois pour prendre du recul et comprendre l’héroïne, on le lit une troisième fois car finalement, elle est mignonne comme histoire !
Pour info, j’ai lu sur le net que Sonia Rolland souhaitait adapter ce roman pour la télé, article qui date de juin 2011… Pas de nouvelles depuis.
Note: 12/20
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