Décidément, la famille Bridgerton alimente encore les ragots mondains.
La cadette, Hyacinthe, que son franc-parler a écarté des listes de filles à marier, se pique de la langue de Dante et se lance dans la traduction d'un journal intime italien, très osé, aidé par ce dangereux don juan de Gareth Saint-Clair ! Gageons que cette étonnante association aboutira à un chef d'œuvre.
Quant au dernier de la famille, Gregory, c'est un irrécupérable idéaliste qui croit toujours au grand amour. Il a jeté son dévolu sur la ravissante lady Hermione Watson. Mais cette dernière aime ailleurs... Qu'à cela ne tienne ! Gregory a tout son temps et le soutien inconditionnel de la spirituelle Lucinda Abernathy...
Mon avis :
Quels superbes tomes qui clôturent à merveille cette saga (pour les connaisseurs, je sais que le tome 9 existe, et je compte bien le lire !). Je peux vous le dire d'emblée : il s'agit là d'un coup de cœur ! Mais prenons les choses dans l'ordre.
Le tome 7 se consacre à l'histoire de Hyacinthe. Une histoire qui dénote des précédentes car, si le caractère emporté d'Eloïse me plaisait, celui de Hyacinthe est tout aussi agréable pour ne pas dire plus farouche. Hyacinthe, on la découvre dans une époque plus avancée que ses frères et sœurs, elle a eu le temps de voir comment fonctionnait le monde. Et décide - très souvent - de suivre ses intuitions et son cœur au détriment des convenances. Lorsqu'elle rencontre Gareth Saint-Clair, elle n'imagine pas une seconde les aventures qu'ils vont vivre à deux.
Un journal intime, un trésor caché, une visite par effraction, on peut le dire, Hyacinthe possède le tome le plus rythmé en dehors des convenances attendues par une jeune fille du début des années 1800 dans la bonne société anglaise. Et contrairement à ce que l'on peut penser, elle n'a pas de mépris pour ces règles qui régissent la vie des femmes, mais elle pense qu'il est temps de les faire évoluer (je pense à sa remarque sur le port du pantalon). Eloïse était en avance (dirons-nous) sur son époque, mais son tome ne m'a pas donné la satisfaction espérée, je suis donc ravie de lire que Hyacinthe a répondu à mes attentes, à savoir, une femme qui sort un peu des sentiers déjà tracés. Elle est une jeune femme moderne : elle dit ce qu'elle pense, ose, cache, passe outre, ne cache pas qu'elle est cultivée et n'en fait qu'à sa tête dès lors qu'elle sait avoir raison. Je ne dit pas que les femmes sont ainsi aujourd'hui, mais pour l'époque, elle est comme une petite révolution, une petite tornade que les hommes ont du mal à accepter, si l'on excepte Gareth.
Leur histoire fut mignonne, écrite d'avance, mais mignonne. Beaucoup d'amour (nous sommes à présent habitués avec Julia Quinn) et un joli final. Alors oui, ils vont se tourner autour (où résiderait le charme, sinon ?), mais la quête qu'ils décident de mener à deux est franchement amusante. Certains diront que c'est peu crédible, je pense le contraire. Dans une société, dont les pères choisissaient les époux de leurs filles, j'ai le plaisir de songer que certaines ont cherché à se protéger, à protéger ce qu'elles avaient de plus cher. L'idée que tout soit lisse et acquis ne m'emballe pas ! Du coup, ce qu'à fait la grand-mère de Saint-Clair, ça me plait ! Et puis, petit bonus avec ce tome : la présence de Lady Danbury, un personnage que j'apprécie beaucoup, aussi bien dans la série Netflix que dans les romans (dont je regrette une présence moindre). Ses piques, ses remarques, son franc-parler, on ne peut qu'aimer ce personnage qui est proche de Hyacinthe, aussi bien sentimentalement (un lien très fort les unit toutes les deux) que caractériellement (Hyacinthe ressemble beaucoup à Lady Danbury mais en plus jeune).
Gregory n'est pas le dernier de la fratrie Bridgerton, mais l'avant dernier (Hyacinthe étant la dernière). On le découvre à 26 ans, donc loin de l'âge auquel nous l'avions laissé avec les tomes précédents. Comme il le dit, il avait 12/13 ans lors du mariage de son frère Anthony. Cependant, il a le droit à son tome et il faut avouer qu'on le découvre agréablement. Mis en garde par son frère aîné de se trouver une femme et aussi une voie, il persiste à croire que l'amour, le vrai, il le rencontrera et saura. Il saura. C'est aussi simple. Après tout, quand il voit ses frères et sœurs qui ont contractés des mariages d'amour, on ne peut donc pas dire qu'il est ridicule d'y croire. Lors d'un séjour chez Anthony et Kate, il rencontre Hermione dont il tombe éperdument amoureux. Mais la belle est déjà promise et n'en a que faire de ce quatrième garçon Bridgerton. Déterminé à la conquérir malgré tout, il accepte l'aide de la meilleure amie de Hermione, Lady Lucinda - Lucy - Abernathy. Seulement, à se côtoyer pour comploter un futur mariage, tous les deux ne réalisent pas qu'ils sont en train de tomber amoureux l'un de l'autre. Lorsqu'ils le réalisent, ils ne savent pas quoi faire puisque Lucy est promise à un autre depuis des années. Qu'à cela ne tienne, Gregory a décidé qu'elle serait sa femme, il va donc s'employer à réaliser son souhait sans connaître les raisons de ce mariage arrangé.
Dans ce tome, l'auteure aborde des thèmes intéressants, et pour certains, déjà vus. Les mariages arrangés, par exemple, on en parle dans les tomes précédents. Mais ici, et désolée de spoiler un peu, elle aborde aussi le thème de la trahison envers son pays. J'ai beaucoup aimé cet aspect même si je trouve qu'il n'est pas assez abordé, du moins pas en profondeur. J'aurais aimé plus de détails sur le pourquoi et ce qu'il en résulterait. Ceci dit, ça aurait certainement était trop pesant dans la lecture de cette histoire qui se veut avant tout légère. Elle aborde aussi la notion de loyauté et de sacrifice, sans oublier les accouchements qui se passent mal.
"Cependant, si l'on prenait le temps de s'arrêter sur la chronologie des demandes qu'elle avait reçues - et jamais Hyacinthe n'admettrait qu'elle l'avait fait -, on avait des raisons de s'interroger, voire de s'alarmer. Trois propositions la première saison. Deux la deuxième. Une l'an passé. Et cette année, jusqu'à présent, toujours rien en vue. De là à conclure qu'elle était de moins en moins recherchée, il n'y avait qu'un pas. Un pas que seul un inconscient franchirait, car Hyacinthe s'empresserait de démontrer que c'était faux, foulant au pied la vérité des faits."
Au final, Julia Quinn m'a séduite. Sa plume est toujours aussi fluide et amusante. Elle a l'art de donner la parole à des personnages, dont le protocole exige une certaine retenue, mais qui savent répliquer avec fougue et précision. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ces deux tomes puisque les personnages principaux sont assez peu présents dans les précédents. Toutefois, elle a su leur offrir une histoire pleine de panache et de rebondissements. Avec ces deux tomes, j'ai eu l'impression que Julia Quinn voulait envoyer du lourd, du grand, du spectaculaire. C'est une réussite ! Un vrai coup de cœur dont j'ai hâte de voir l'adaptation (il faut s'armer d'une grande patience).
Note : 18/20
Coup de cœur !
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