En Georgie, en 1861, Scarlett O'Hara est une jeune femme fière et volontaire de la haute société sudiste. Courtisée par tous les bons partis du pays, elle n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes malgré ses fiançailles avec sa douce et timide cousine, Melanie Hamilton.
Scarlett est pourtant bien décidée à le faire changer d'avis, mais à la réception des Douze Chênes c'est du cynique Rhett Butler qu'elle retient l'attention. C'est alors que la guerre de Sécession éclate bouleversant leurs vies à jamais...
Mon avis:
Autant en emporte le vent, un classique de la littérature, qui émeut, chagrine, fait sourire, ... J'ai profité d'une lecture commune pour le relire. Mon édition de 1938 compte quand même 735 pages, des pages noircies d'une police d'écriture toute petite, c'est pourquoi il est difficile d'en faire une critique comme celles que je rédige d’habitude.
Contexte historique
Le roman débute à la veille de la Guerre de Sécession. Une guerre qui a vu le Sud et le Nord des États-Unis s'affronter pendant quatre ans. Plus concrètement, elle oppose l'Union (Nord) appelé États-Unis et dirigé par Abraham Lincoln aux États Confédérés (Sud) appelés la Confédération et dirigé par Jefferson Davis. Cette guerre trouve ses racines dans l'histoire même du pays qui rapidement se divise en deux. Deux types de traditions, deux façons de penser, deux modes de vie. Un Nord centré sur lui-même, ne désirant développer son industrie que pour le Nord; un Sud prospère essentiellement grâce à la vente de coton, autorisant l’esclavage et porté sur l’extérieur pour gagner de l'argent.
L'élément déclencheur fut l’élection de Lincoln. Les Sudistes avaient prévenus que si Lincoln était élu, ils annonceraient leur sécession. La victoire de Lincoln fut vécut comme une trahison et une déclaration de guerre. Et même si des tentatives d'apaisement ont été tentées, rien n'a pu éviter la Guerre de Sécession.
Deux éléments sont ressortis de ces quatre années de guerre: l'abolition de l’esclavage dans les États du Sud et l'idée que le pays n'est pas un concentré d'états plus ou moins indépendants, mais une nation unie. Il en ressort aussi une grande misère pour le Sud et une belle prospérité pour le Nord. Une volonté des Sudistes de ne pas voir mourir leur idéal, leur vision, leurs terres.
La reconstruction sera longue et difficile.
Le roman de Margaret Mitchell
L'auteure commence son histoire à la veille de la déclaration de la guerre et la poursuit sur une période assez longue puisque nous suivons les aventures de Scarlett pendant douze ans.
Je ne peux pas vous faire de résumé, il serait mille fois trop long et surtout, il me faudrait trop en dévoiler !
Parlons plutôt de ce qu'aborde l'auteure au travers de ce roman.
La guerre, nous l'avons déjà dit. Ici, Scarlett et les siens doivent s'opposer aux Yankees, ces soldats du Nord qui conquièrent un peu plus chaque jour le Sud. Ils incendient les plantations, tuent sans retenue, volent bijoux, vaisselles, animaux. Et franchement, j'ai eu un peu de peine en lisant les descriptions de ce que voyait Scarlett lors de son retour dans le Sud: toutes ses jolies maisons décrites au début du roman, détruites par les soldats. Le bonheur, la simplicité qui semblaient régner dans ce Sud si charmant, il n'existe plus rien de cela. Et comme dans tous les romans de guerre, j'ai pu lire les privations, les difficultés à se nourrir, le manque d'argent.
La guerre a modifié intégralement le caractère de Scarlett. Enfin, intégralement, pas tout à fait. Disons qu’elle a toujours était une jeune fille indépendante, débrouillarde et rusée, mais la guerre a amplifié ces traits de caractère. Elle a vu le mal que ce conflit a fait à sa famille et ne veut plus se laisser abattre. Elle devient une jeune femme avide, égoïste (un peu plus !), obnubilée par l'argent et désireuse de réussir par elle-même. Ce qui en choque plus d'un d'ailleurs quand elle achète et dirige des scieries ! Mais Scarlett n'est pas la seule a avoir dû s'adapter pour survivre...
"J'en prends Dieu à témoin, j'en prends Dieu à témoin, les Yankees ne m'auront pas. Je tiendrai bon, et, quand j'aurai surmonté tout cela, je n'aurai plus jamais le ventre creux. Non, ni moi ni les miens. Même si je dois voler ou tuer, tant pis, j'en prends Dieu à témoin, je n'aurai plus jamais le ventre creux."
L'abolition de l’esclavage est dans la continuité de la guerre. Mama, Pork, le Grand Sam, sont des esclaves qui refusent d'être libres. Ils sont attachés à leurs maîtres, à leur maison, à leurs habitudes. Être libres, oui, mais pour aller où et pour faire quoi ? Et franchement, quand je lisais tous les passages faisant mention de Mama, je me disais que ce devait être un plaisir de la côtoyer !! Comme le dit Scarlett, elle possède des bras dans lesquels on a envie de se blottir.
L'auteure met aussi en scène un groupe mythique: le Ku Klux Klan. Fondé en 1865 suite à la défaite du Sud, il prône la suprématie de la race blanche. Aujourd'hui, on dirait que ce sont des racistes, mais placés dans le contexte de l'époque, on peut les comprendre. Le roman de Margaret Mitchell regorge de Noirs plus ou moins gentils, plus ou moins fidèles. Et lorsque ces esclaves ont été affranchis, certains ont mal tourné. Ils se sont retrouvés sans rien, regroupés dans des taudis alors qu'avant, ils vivaient plutôt bien chez leurs maîtres. Des que l'un d'eux faisait quelque chose de mal, le Klan intervenait. Dans le roman, c'est Scarlett qui est victime d'une agression. Mais celle-ci ignore qui fait partie du clan et tombe des nues quand elle l'apprend.
Carpetbagger et Scalawag. Les premiers désignent les hommes du Nord venus s'installer dans le Sud (en conquérant); les seconds sont les Sudistes qui se plient par intérêt aux conditions imposées par le Nord. Ces deux termes n'ont rien de jolis, ils sont plutôt même péjoratifs et qualifient rapidement une personne. Etre appelé par l'un ou l'autre de ces sobriquets vous ruinait toute chance d'épanouissement social.
Scarlett, Rhett, Mélanie, Ashley, et les autres
Scarlett est le personnage central du roman, tout tourne autour d'elle ou est en lien avec elle. Désireuse de rendre jaloux Ashley, elle épouse Charles qui meurt en lui laissant un fils. Sans un sou, elle n’hésite pas par la suite à piquer le fiancé de sa sœur - Frank - et lui donne une fille. Mais Frank meurt et Scarlett se retrouve à nouveau seule. C'est sans compter sur Rhett, le bon vieux Rhett, toujours présent pour l'aider et avec lequel elle renouera réellement avec son train de vie. Ils seront heureux un temps, ils auront une petite fille, mais un accident viendra bouleverser leur univers.
Rhett est un homme très charmant, un charme qui lui permet de faire oublier, parfois, son attitude vis-à-vis des Yankees. Rusé, calculateur, il est toujours présent pour Scarlett et fini même par l'épouser. S'il prône le non-amour, il ment parfaitement car en réalité, il l'aime depuis le premier jour de leur rencontre, sa Scarlett.
Ashley et Mélanie Wilkes. Ashley est l'amour de jeunesse de Scarlett, un amour qui lui sera nuisible au final. C'est un rêveur qui ne parvient pas à vivre dans le monde tel qu'il est devenu. Mélanie, sa femme, est une grande dame d'après Rhett. Elle ne voit que le bien chez les gens qu'elle aime, et même si le mal se présente de façon flagrante, elle le niera.
Voilà pour les quatre principaux personnages, mais ils sont bien plus nombreux. Nous avons aussi Gérald et Ellen O'Hara, les parents de Scarlett, Suellen et Careen ses deux sœurs, tante Pitty qui s'évanouit un peu trop souvent, Mama le pilier de Scarlett, Frank Kennedy le deuxième mari de Scarlett, Belle la prostituée, ...
Ce qui m'a plu dans ce roman...
Tout ! Pour commencer, le contexte historique est riche d'enseignements parce qu'il a engendré beaucoup de changements qui finalement, ne sont pas si vieux que ça. Et pourtant, quand on lit ce roman, on a un peu l'impression que l'histoire est vieille en raison des différentes traditions: l'esclavage, mais aussi le fait qu'une femme enceinte devait cacher son état, que l'on se mariait par obligation et/ou devoir et non pas par amour, qu'une fille était qualifiée de vieille fille à 25 ans à peine ou encore qu'une femme ne devait pas travailler.
Scarlett, on l'aime ou on la déteste. Dès les premières lignes, quand elle s'amuse des sentiments des jumeaux Tarleton, on sait déjà si ce genre de personnages aura notre sympathie ! Et si on lit la suite, on peut "halluciner" sur les manipulations dont elle fait preuve sans vergogne et sans remords pour arriver à ses fins. Selon qu'on l'aie aimée ou pas, notre sentiment à la fin de roman est différent. Même chose pour Rhett Butler. Un homme qui, d'après les descriptions qu'en fait l'auteure, est ultra séduisant. Mais aussi ultra agaçant ! Et pourtant, et pourtant, ... on ne peut s'empêcher de l'aimer ! Ses réparties, la façon dont il perce Scarlett à jour, n’entache pas son charisme, au contraire.
"Malgré tous ses défauts apparents, elle en arrivait à attendre ses visites avec impatience. Il y avait en lui quelque chose d'attirant qu'elle ne parvenait pas à analyser, quelque chose qui le différenciait de tous les hommes qu'elle avait rencontrés. Il y avait en lui un troublant mélange de grâce et de force. Quand il entrait dans une pièce on en éprouvait un brusque choc physique."
Le personnage le plus agaçant à mes yeux est Ashley: une vraie tête à claques ! Il est mou, sans ambition, parle de façon étrange (et par étrange, comprenez avec des citations, des poèmes, ...). A la différence de sa femme qui, même si elle n'a pas de réel caractère, ne se laisse pas abattre et tente toujours de voir le côté positif. Personnellement, je me suis beaucoup attachée au personnage de Mélanie, une personne qui aurait pu être mon amie. Soit dit en passant, Scarlett aussi aurait pu être mon amie !
Donc oui, le contexte et les personnages sont sympas, mais l'histoire en elle-même est tout simplement magnifique. Certes, pas toujours rose, mais belle car réaliste. A espérer un amour impossible, Scarlett va se retrouver prise à son propre piège et voir se refermer l'unique porte qui mène à celui qu'elle aime vraiment. Mais avant de se rendre compte de ça, nous suivons l'évolution d'une société, des mentalités. La guerre a créé des liens qui se noueront un peu plus au fil des années et pour certains, seront brisés par une erreur. Parfois on rit, parfois on sourit, on ne pleure pas même si je dois avouer avoir eu un peu de peine à la mort d'un personnage. Mais c'est la vie ! On s'attache à beaucoup de personnages, mais aussi aux lieux. L'auteure décrit énormément les lieux traversés par Scarlett et nous permet ainsi de visualiser parfaitement les maisons, les plantations, ... Si les actes de guerres sont souvent vus au travers du regard de Scarlett (ce qui nous donne un point de vue unique), l'auteure prend tout de même le temps de nous expliquer avec une jolie plume tel acte ou telle décision.
La plume de l'auteure est très fluide, agréable à lire. Sans nous donner une leçon d'histoire, elle nous en apprend un peu sur la Guerre de Sécession.
J'ai refermé ce bouquin avec le sentiment... d'inachevé ? Certainement ! Il faut dire que la fin reste ouverte à différentes possibilités, on se demande laquelle aurait choisi Margaret Mitchell ! S'il existe des suites, je sais que je ne les lirai pas car justement, elles n'ont pas été écrites par l'auteure. Je préfère laisser mon imagination faire son travail !
Note: 18/20
Coup de cœur !
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roxou06 (dimanche, 10 avril 2016 13:22)
(commentaire du 28 avril 2014, 16h03)
quelle magnifique chronique! tu rends un magnifique hommage à ce chef d'oeuvre :) c'est vrai qu'à la fin je suis un peu frustrée aussi ! j'ai lu plusieurs suites, dont la "validée officielle par les descendants de l'auteur", mais aucune ne m'a convaincu ! bizz
petitepom (dimanche, 10 avril 2016 13:23)
(commentaire du 28 avril 2014, 17h40)
j'ai adoré ce livre, j'ai aussi lu une des suite Scarlett, sans retrouver ma Scarlett de ce roman
Les Mots de Gwen (dimanche, 10 avril 2016 13:23)
(commentaire du 28 avril 2014, 19h23)
@Roxou: merci :) J'ai trouvé un petit peu difficile d'en parler sans trop en dire! Je dis que je ne lirai pas de suite, officielle ou pas, mais qui sait, un jour peut-être... mais vraiment si l'occasion se présente! "Ma fin" est un happy end :)
@PetitePom: c'est le problème avec les suites écrites par d'autres auteurs... Suites ou dérivés, c'est la même chose! C'est vrai que rester sur sa faim pour être frustrant, il vaut mieux dans ce cas faire une réelle abstraction de l’œuvre originale.
fanny (dimanche, 10 avril 2016 13:24)
(commentaire du 29 avril 2014, 20h42)
Comme je l'ai dit il me reste le 3e tome. Une superbe fresque historique!
Parthenia (dimanche, 10 avril 2016 13:24)
(commentaire du 02 août 2014, 19h19)
comme l'écrit roxou, ta chronique est magnifique... cela se sent que ce livre t'a énormément touchée !
je connais Autant en emporte le vent à travers l'adaptation cinématographique avec Vivien Leigh et Clark Gable (quel homme ! ^^) et je me dis qu'il faudrait vraiment que je découvre l'original... en tout cas, ton billet donne vraiment envie de s'y plonger !
Les Mots de Gwen (dimanche, 10 avril 2016 13:25)
(commentaire du 06 août 2014, 17h09)
Si tu aimes le film, fonce sur le livre! Il est long, mais il vaut largement le coup car il est mille fois mieux que le film!!