Suzanne Azmayesh - Trois personnes en forme de poire

Dans le tourbillon de la vie parisienne, Madeleine, actrice torturée, Emeline, écrivain en herbe et Victoria, bobo écolo, rêvent d'un succès qui n'est pas au rendez-vous.

Leurs destins s'entrelacent autour de Theo, icône adulée au sein du monde factice où elles évoluent.

D'un désenchantement à l'autre, entre souffrance et espoir, leurs existences vacillent.

 

Mon avis : 

 

Avant tout, je tiens à remercier l'auteure pour sa confiance et son roman. 

 

Je vais être franche, le titre et la couverture ne m'ont pas du tout emballée. Avec ces deux seuls éléments, je serais passer devant sans m'arrêter tant ils ne donnent pas, à mes yeux, envie de découvrir le roman. Le résumé, cependant, est tentant... Comme on peut le lire, nous allons suivre trois femmes que tout semble opposer si ce n'est une personne commune: Theo. Chaque chapitre est consacré à l'une d'elles, nous suivons leur évolution, leurs décisions, sur peu de temps finalement, quelques mois seulement. Enfin, quand je dis que nous suivons trois femmes, ma phrase est un brin erronée puisque rapidement, Victoria est éclipsée au profit de Theo. Ceci m'a d'ailleurs un peu surprise, mais pas en mal. En effet, j'ai aimé l'idée que ces trois femmes aient ce même point commun, qu'elles aiment (ou pas) ce garçon, mais que nous ne sachons rien de lui avait un côté agaçant. Avec ces quelques chapitres qui nous plongent dans sa tête, Theo nous est plus familier. 

 

Au travers de son roman, Suzanne Azmayesh dresse le portrait de quatre personnes, quatre personnalités. Elles se ressemblent un peu, mais sont assez différentes dans l'ensemble. En créant quatre personnalités, l'auteure permet à son lecteur de trouver un peu de lui en chacun de ses protagonistes. Parfois, en lisant un passage sur Madeleine, je me retrouvais un peu en elle, idem quand je lisais un passage sur Emeline, et pourtant, elles sont très différentes puisque d'un côté nous avons l'actrice accro au sexe et aux drogues, et de l'autre, la timide qui cherche à écrire son premier roman. Malgré cela, on se retrouve un peu en chacune d'elle. Moins en Theo, mais c'est parce que c'est un homme ! Lui on ne peut que commenter ses attitudes. Les personnages sont bien travaillés, ils nous parlent, semblent crédibles et séduisent - ou pas - mais interpellent. 

 

Cependant, ce qui charme dans ce roman, c'est ce qui est caché, ce qu'il faut lire entre les lignes. L'auteure dresse des portraits certes différents mais avec un seul objectif: la célébrité. Suzanne Azmayesh explore ce besoin de reconnaissance et met en avant les travers d'une société qui vit sous les codes du paraître, des apparences, de l'image, quitte à se brûler les ailes. C'est là le point fort de ce roman, sous ses airs légers avec pour toile de fond le cinéma, Trois personnes en forme de poire explore le mal-être d'une jeunesse trop pleine d'espoir. 

 

La plume est parfaite, très adaptée au registre et même, à la personne dont il est question. Avec Madeleine, je retrouvais parfois une certaine violence comme j'ai pu le lire dans L'invention de nos vies de Karine Tuil. Des mots jetés sur papier pour accentuer la rapidité avec laquelle il faut vivre. A contrario, Emeline est douce et timide et cela s'en ressent dans ses chapitres. 

 

Une question demeure: quel est le sens du titre ? Je manque peut-être de culture et passe alors à côté d'une évidence, ou alors c'est une référence à l'expression "être une bonne poire" ? Je ne sais pas... 

 

Le seul bémol de ce roman, et le seul point qui engendre le fait qu'il ne fut pas un coup de cœur, c'est la fin. Je l'ai trouvée trop brutale, elle ne m'a pas séduite et j'en ressors avec un petit regret, celui de ne pas la voir se développer un peu. 

 

Trois personnes en forme de poire fut une lecture très agréable, on plonge d'emblée dans les vies de Emeline, Madeleine, Victoria et Theo. Chacun son charme, chacun ses failles, chacun son rêve. Je ne pense pas que l'on puisse s'attacher à l'un ou à l'autre, mais on s'y retrouve. Le roman est un brin linéaire, mais il est surtout une immersion dans un univers faux. Les destins qui se croisent et s'entraident parfois, des révélations, Suzanne Azmayesh nous offre le portait d'une génération fragile, qui veut vivre, une génération un brin évanescente. 

 

Note : 17/20

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