Sylvain Tesson - Sur les chemins noirs

Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides. La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs. Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre.

 

Mon avis :

 

A la lecture du roman - le premier que je découvre de Sylvain Tesson - j'ai pris le temps de me renseigner sur l'auteur, tant le style m'a surprise. Il s'avère que Sylvain Tesson est un auteur voyageur. Par exemple, il prend le chemin des évadés d'un goulag. Il se base sur des écrits pour voyager ou inversement. 

 

Sur les chemins noirs est tiré de sa propre expérience. En 2014, alcoolisé, alors qu'il séjournait chez un ami (auteur connu: Jean-Christophe Ruffin), il chute de dix mètres en escaladant la façade d'un bâtiment. Plusieurs fractures et un traumatisme crânien, il est conduit à l'hôpital d'Annecy duquel il sort avec l'objectif de traverser la France. Sa rééducation. D'où Sur les chemins noirs

 

"Certains hommes espéraient entrer dans l'Histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaître dans la géographie."

 

En soi, le pitch est bon, intéressant et attractif. Ce n'est pas tout le monde qui oserait faire ça. Cependant, j'ai eu du mal avec la plume de l'auteur qui est très portée sur la critique. Avec ce voyage, il met l'accent sur des défaillances et porte des jugements en prenant comme exemple des faits politiques ou autre. 

 

Son roman mêle donc le voyage, la politique mais aussi la géographie, la modernisation, la Russie qu'il cite souvent. Si la plume ne m'a pas séduite, j'ai trouvé toutefois que certaines de ses remarques étaient percutantes, sans que je ne m'y attarde trop car je ne maîtrise pas du tout les questions d'aménagement du territoire! Il possède une plume percutante, une faculté à dire en quelques mots une notion forte. Cet aspect m'a séduite puisqu'il cassait la linéarité du texte. 

 

"La crise de Parkinson de l'Histoire portait le nom de mondialisation."

 

Le point positif de ce roman c'est la mise en avant, voire la mise en valeur, de cette France rurale, jalonnée de beaux paysages, en dehors de ces villes qui s'agrandissent, de cette mondialisation qui nous entoure et nous dévorent, cette France qui peut ressourcer (ou déprimer, selon si l'on est citadin ou pas !), ce silence qui résonne le longs des chemins noirs empruntés par l'auteur. 

 

Note : 13/20

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