Bertier aimait Laure, Laure aimait Aurélien et Aurélien aimait la vie.

Ils étaient jeunes et sans doute pouvaient-ils encore espérer qu’avec le temps ce triangle amoureux revisité finisse par trouver son équilibre. Il n’en fut rien.

Devenue écrivain, Laure n’a pourtant jamais évoqué dans son œuvre cette période de sa vie. Dix-sept romans, mais pas une ligne sur les nuits blanches à Saint-Germain-des-Prés, les après-midis studieux à la bibliothèque Sainte-Geneviève, les interminables journées de vacances sur l’île d’Oléron.

Que s’est-il passé qui justifie ce blanc laissé au milieu des centaines de pages qu’elle a noircies depuis ?

A bientôt soixante-cinq ans, Laure Narsan entame ce qui sera sans doute son dernier livre.

Et accepte enfin de revenir sur cet événement qu’il lui aura fallu quarante ans et dix-sept succès de librairie pour oser affronter.

 

  

Mon avis :

 

Tout d'abord, un grand merci aux Editions Fayard pour ce roman qui ne laisse pas indifférent.

 

Je ne vais pas revenir sur l’intrigue, le résumé est déjà assez parlant et le roman étant assez court, je risquerais de trop en dire.

 

Le personnage principal est Laure. Gravitent autour d'elle Aurélien, Tristan et Bertier. Une amitié sincère au début des années 1990. Le roman est structuré de façon à ce que le lecteur en apprenne un peu plus au fil de sa lecture, au fur et à mesure qu'il tourne les pages: nous alternons les chapitres d'aujourd'hui, des chapitres dans lesquels nous entrons dans la tête de Laure, ses pensées, ses regrets, ses idées. Et les chapitres d'il y a quelques années, qui nous racontent la rencontre entre eux trois et l'évolution de leur amitié qui passera par des soirées d'ivresse, des nuits à danser, à errer dans les rues de Paris. Jusqu'à ce que cette amitié vole en éclat. Pourquoi ? Comment ? L'auteur n'attend pas la fin du roman pour nous l'annoncer. L'alternance des chapitres tient le lecteur en haleine, mais ce qui m'a le plus charmée, c'est l'écriture. Au travers des mots de Laure, j'ai senti de la tristesse, des regrets sûrement, des non-dits pesants. L'écriture est teintée d'une réelle mélancolie, si bien que l'on veut comprendre, que l'on veut savoir, et que l'on a de la peine pour elle.

 

La révélation finale m'a agréablement surprise :-) Une petite touche de joie (presque !) dans ce récit assez sombre en raison de la tristesse qui s'en dégage.

 

Les personnages sont tous attachants. Pas un ne m'a agacée ou ne m'a laissée avec un sentiment de pitié. Et pourtant, quand on lit la situation, il aurait été facile d'avoir de la pitié. Eh bien non ! Chacun des protagonistes tire les ficelles à sa façon. Laure décide de tirer, en quelque sorte, un trait sur ce qui la ronge, sur ce qui la hante, et pour cela, elle remonte le temps et nous raconte une année de sa vie. Avec beaucoup de finesse et de délicatesse. Si Laure m'a touchée, Tristan aussi. Je trouve sa place difficile et il s'en sort plutôt bien. Les sentiments qui animent Laure, Aurélien et Bertier sont assez forts. Les relations sont malgré cela ambigües et cela ajoute un charme au roman car on sent que la sincérité n'est pas toujours présente. La complicité entre Bertier et Aurélien m'a fait sourire: l'intello et le bohème, des échanges souvent très amusants !

 

L'histoire est triste et belle à la fois. Un roman magnifique, une écriture mature et fluide. Je note toutefois un décalage: Laure revient sur son passé quarante ans après, cependant l'été sur l'île d'Oléron se déroule en 1991. Donc nous sommes plus proches des vingts ans.

 

Un roman à découvrir si ce n'est déjà fait ;-) Un coup de cœur en raison de la puissance des mots, de la mise à nue qu'opère Laure, de l'amour fou qu'elle a connu, du drame qui l'a révélée et a modifié le sens de sa vie.

 

Note : 18/20

Coup de cœur !