Michel Navratil enlève ses enfants et s'embarque sur le Titanic sous un pseudonyme, en ne laissant qu'une seule lettre pour prévenir sa femme. Ses enfants, Lolo et Momond, ne se doutent de rien et sont tout joyeux. Mais le Titanic coule et les deux frères se retrouveront orphelins de père, sans souvenir de leur nom de famille. Leur mère mettra tout en œuvre pour les retrouver...

Mon avis :

Ce roman (qui mélange la réalité et la fiction) raconte l'histoire d'un homme qui a désiré ardemment offrir un meilleur avenir à ses deux enfants. Malheureusement, il n'en fut pas le cas... Michel Navratil, séparé de sa femme (et pour l'époque, ce n'est pas chose courante), ne supporte pas que l'amant de sa femme voit ses enfants, à cela s'ajoute que voir sa femme et revivre à chaque instant sa trahison est au dessus de ses forces. C'est pourquoi, il "kidnappe" ses deux garçons, Lolo et Monmon (2 et 4 ans) lors d'un week-end pendant lequel il en a la garde. Afin de brouiller les pistes, il emprunte le passeport d'un ami et va jusqu'à quitter la France pour embarquer sur le Titanic, avec pour but, de rejoindre les États-Unis.

L'histoire du Titanic, tout le monde la connait, mais j'ai trouvé intéressant de lire ce livre car même si la réalité n'est pas retranscrite à la perfection, elle n'en reste pas moins saisissante de magie, de rêve et d'espoir, mais aussi de peur et d'effroi. Aux côtés des Navratil, nous découvrons le paquebot insubmersible selon un autre regard. Certains faits sont avérés, d'autres ont dû être inventés. Certains diront que cette contrevérité est dommage, mais il faut se dire qu'à moins d'avoir vécu ce séjour, il est impossible de savoir avec exactitude ce qui s'est passé. Et j'ai apprécié que malgré la présence de personnalités connues - les Strauss ou encore J.J. Astor et sa femme Madeleine - Elisabeth Navratil invente des personnages pour tenir compagnie à celui qui deviendra son père, mais qui n'est qu'un enfant à l'époque. Ce "mensonge" permet de faire évoluer ses protagonistes sans porter atteinte aux personnes ayant vraiment existé.

"La grandeur, la beauté de cette agonie entre d’étincelants blocs de glace, d’une blancheur de Voie lactée maintenant qu’ils sont tout proches, l’infini de la voûte céleste l’étourdissent légèrement. Il se sentirait même euphorique s’il n’y avait pas l’injustice du sort condamnant à mort tant d’innocents, victimes de l’orgueil humain, des intérêts des grandes entreprises et en particulier de la White Star Line et de son directeur, Ismay."

J'ai beaucoup aimé lire le courage de ce père qui aime tellement ses enfants qu'il les arrache à leur mère. Et la vision de Lolo (fils aîné) qui erre aux côtés de Murdoch ou du Capitaine Smith, c'était enrichissant pour ceux qui aiment le TItanic et son histoire. Pendant quelques jours, nous (re)découvrons le paquebot et la vie à son bord: la richesse des Premières Classes, le manque de canots de sauvetage, la gentillesse du personnel de cuisine, ... Une autre vision finalement ! Et la suite: lorsque les enfants sont retrouvés mais qu'il est impossible de les identifier... La gentillesse du monde, les hasards positifs, les démarches de leur mère, ... Une histoire qui se termine plutôt bien si l'on fait abstraction de la mort de Michel.

Ce roman, écrit par la fille du fils aîné, est à mon avis très proche de la réalité. A la fin du livre, elle cite ce qui est inventé et franchement, on ne peut pas lui en tenir rigueur. Et curieuse, j'ai lu un peu ce qu'avait fait Michel Navratil au cours de sa vie et il devient aisé de comprendre qu'elle ait été obligée de créer certains faits puisque pendant des années, son père a refusé de parler de ce naufrage dont il garde quelques bribes en souvenirs, les plus nets étant ceux précédant le naufrage. Un bon roman qui ne nous apprend pas grand chose (si ce n'est qu'à cette époque, les enfants pouvaient circuler sans passeport), mais qui est une jolie histoire et un bel hommage rendu à un papa devenu célèbre malgré lui.

Note : 17/20