Nathalie De Broc - La sorcière de Locronan

Au XVIIe siècle, l'âge d'or de la Bretagne. Grâce à Mahaut, qui l'a recueillie enfant, Maëlig connaît, à seize ans, l'art précieux de guérir par les plantes. Ensemble, elles soignent les bourgeois de Locronan, riche cité de tisserands.

Mais les notables oublient bien vite leurs bienfaits, même Foulques Bertrand, dont Maëlig a sauvé l'épouse pendant la Grande Peste. Bientôt, tout Locronan s'enflamme contre la jeune fille : avec sa tache de naissance en forme d'étoile, sa chevelure rousse, son don exceptionnel pour le violon, instrument maléfique par excellence, n'est-elle pas fille de Satan ?

De là à évoquer la sorcellerie, il n'y a qu'un pas que Foulques Bertrand, dont la vie éternelle est à ce prix, franchit sans états d'âme, car seule Maëlig connaît son terrible secret...

Nathalie de Broc raconte merveilleusement cette Bretagne de forêts impénétrables, où se mêlent l'étrange et l'irréel. Un monde fascinant et captivant qui rejoint celui des légendes.

 

Mon avis :

 

Un roman historique sans trop l’être…

 

Les premières pages sont consacrées à l’enfance de Maëlig : élevée par sa mère, elle prend des cours de musique avec un inconnu ; cet inconnu, Thomas, qui a un jour frappé à leur porte, a échangé quelques mots avec sa mère et lui a appris à aimer le violon. Admiration qui se transforme en attachement. Seulement, toutes deux sont obligées de fuir leur village pour se rendre à Locronan ou, pourquoi pas, Quimper ? Malheureusement, après une nuit passée en forêt, Maëlig découvre sa mère morte, égorgée. Elle reste longtemps auprès d’elle et finit par être recueillit par des moines. Elle restera quelques mois en leur compagnie, le temps d’apprendre à lire, à écrire, à cultiver les légumes, … Jusqu’à ce qu’elle s’enfuit et croise la route de Mahaut. D’abord hésitante, elle a à peine huit ans, elle se laisse recueillir par cette femme qui l’emmène à Locronan.

 

Toutes deux vont s’associer pour aider les nécessiteux à soigner leurs blessures. Lors d’un séjour à Quimper, Maëlig va retrouver son père, mais aussi Thomas. Une rencontre au cours de laquelle la jeune fille réalise de quelle nature sont ses sentiments envers son professeur. Mahaut et Maëlig vont aussi croiser la route de la famille de Foulques Bertrand, sauver la femme de celui-ci de la peste et repartir, tous ensemble, à Locronan. En parallèle de ses bons soins, Maëlig est "victime" de vision au cours desquels, elle voit des meurtres. Et lorsqu’elle découvre qui est le meurtrier, elle ne sait que faire…

 

Je m’arrête là car finalement, tout se met en place à ce moment-là. L’histoire est très intéressante : des sorcières, des remèdes douteux, des lynchages, … De quoi écrire un bon roman ! Et ma foi, je trouve qu’il est bien écrit. L’auteur a une écriture fluide, un brin teinté de mots historiques (dont la signification est précisée en bas de page !) ce qui nous plonge dans cet univers mystérieux qu’est le XVIIème siècle.

 

A cela, se rajoute le folklore breton ! Sans oublier celui lié aux sorcières, un brin cliché aujourd’hui, mais bon… Oui, il fallait qu’elles soient rousses ! Bien que d’après sa mère, Maëlig ne soit pas rousse mais de couleur blond vénitien, ce qui n’est pas la même chose !

 

Toujours est-il que j’ai aimé le côté historique de ce roman, d’autant plus que j’arrive à situer les lieux dans lesquels il se déroule (Quimper et Locronan pour l’essentiel). Les petites notes historiques, parfois romancées, rendent parfaitement crédibles les faits. J’ai aimé aussi la nature du lien entre Mahaut et Maëlig : pas de confiance absolue au début, et pourtant, elles sont proches. Une amitié sincère en fin de compte. L’histoire emprunte de timidité entre Thomas et Maëlig est aussi très touchante.

 

La peste est parfaitement relatée, du moins telle que je l’ai déjà lu dans Ambre.

 

Toutefois, je pense qu’il aurait pu être plus, plus et encore plus. On a des superstitions de sorcellerie en raison d’une couleur de cheveux, d’une tache de naissance et de médication à base de plantes. Rien de vraiment sorcier, si on y réfléchit. Et puis, les meurtres : elle a des visions, mais pas assez nombreuses à mon goût et surtout, elle ne cherche pas à les approfondir ! Si ça avait été moi, je ne serais pas restée inerte comme ça, à les accepter. Enfin, un suspense plus qu’effleuré, à peine entrevu, au sujet de cette affaire de meurtres, un suspense et surtout, un dénouement, qui nous laisse beaucoup sur notre faim.

 

Selon moi, quitte à ce qu’il fasse deux cents pages de plus, l’auteur aurait pu approfondir le sujet sur la sorcellerie, le rendre plus dramatique, et amener ainsi, un peu plus de poids à son roman, un peu plus de matière.

 

Note : 12/20

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