Depuis qu’il est au chômage, Lucien Minchielli, 47 ans, est affalé sur le canapé du salon. Sophie, sa femme, n’en peut plus. Un jour, subitement, il reprend le sport et s’inscrit au cours de danse de sa fille Sarah, qui en est mortifiée. Paul, le petit dernier, se réfugie chez sa grand-mère, une ancienne danseuse étoile du Bolchoï que son mari a abandonnée à l’annonce de sa grossesse. Si la danse est une histoire de famille chez les Minchielli, Lucien s’était jusque-là bien gardé de s’y intéresser. Comment la famille va-t-elle survivre à ce nouvel épisode qui bouscule tout leur équilibre ? Lucien va-t-il finir par s’expliquer sur cette soudaine et incompréhensible lubie ?

 

Mon avis : 

 

C’est le titre et la couverture qui m’ont donné envie de découvrir Gavin’s Clemente-Ruiz, un jeune auteur qui - et là je suis tout à fait honnête - possède un bel avenir littéraire devant lui. Je remercie les Editions Mazarine pour cette jolie découverte, ce roman qui m’a donné le sourire, le rire et une petite larme à l’œil de temps en temps. Bref, un ascenseur émotionnel de 240 pages que je vous recommande vivement.

 

Le roman s’ouvre sur la famille Minchielli. Tout le récit se fait selon le point de vue de Paul, le fils de la famille qui se compose de Sophie (la mère), Lucien (le père) et Sarah (la grande sœur). On les découvre au bout du rouleau depuis que Lucien est au chômage, soit plus d’un an. L’empreinte de ses fesses est bien ancrée dans le canapé où il végète en délaissant les siens. Mais un matin, il se lève et part courir. Le changement est brutal, mais il faut voir le bon côté des choses : il bouge. C’est lorsqu’il veut accompagner sa fille à son cours de danse que tout dégénère, car pourquoi ?? Eh bien l’annonce tombe : il veut devenir danseuse étoile. Rien que ça ! La raison apparaît et le quotidien déjà fragile de la famille explose littéralement, créant deux camps qui vont vivre avec ce changement incroyable.

 

Le fait que la narration se fasse selon le point de vue de Paul, un adolescent de 15 ans, offre un côté encore plus décalé à l’histoire. Il faut admettre que la décision de Lucien prête à sourire, mais combiné à la naïveté de Paul et à ses références, on ne peut que rire. Nous sommes immergés dans la tête de Paul qui se pose mille questions et n’obtient que peu de réponses. Cependant, Paul est très observateur, c’est là sa qualité première.

 

Au fil des pages, l’auteur explore et analyse les liens familiaux. Ce roman c’est l’histoire d’un père qui se cherche, d’un autre qui cherche, d’une histoire cachée, d’un secret enfoui. Et d’un renouveau. Je ne vais pas trop en dire car ce serait vous révéler pourquoi Lucien décide de prendre des cours de classique. Les liens familiaux sont donc au cœur du roman avec des personnages très bien décrits, très réels. Peut-être un peu trop (et là je pense à Sarah…). De tous, Maria a ma préférence, j’ai aimé cette femme amoureuse d’un homme, de la danse, un brin loufoque dans ses tenues ou ses décisions et qui ouvrira les yeux au bon moment.

 

"Les mélodrames des filles, c’est comme les sitcoms ou les émissions de téléréalité. Tu sais que ça ne va pas te remplir le cerveau, mais ça a le mérite de le vider."

 

La plume est très agréable à lire. Jeune, car c’est Paul qui parle, mais pas vulgaire. Non, Paul est poli, studieux. L’auteur utilise très bien les mots d’un adolescent, pas une fois je n’ai relevé de fausses notes, même si je dois admettre que je m’attendais à un champ lexical davantage axé sur le verlan. Gavin’s Clemente-Ruiz a su me séduire avec un humour présent aussi bien dans les mots que dans les situations, une plume addictive qu’on a du mal à reposer puisqu’on se demande jusqu’où cela ira, si Lucien ira au bout de son projet ? Et surtout, comment les membres de cette famille atypique en ressortiront ?

 

Bref, après des lectures moyennes, du moins sans réelles envolées émotionnelles, j’ai plus qu’apprécié de lire ce roman frais, déjanté, et malgré tout sincère.

 

Note : 18/20