Pauline Dreyfus - Ce sont des choses qui arrivent

1945. Saint-Pierre-de-Chaillot, l’une des paroisses les plus huppées de Paris. Toute l’aristocratie, beaucoup de la politique et pas mal de l’art français se pressent pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme si élégante a traversé la guerre d’une bien étrange façon. Elle portait en elle un secret. Les gens du monde l'ont partagé en silence. «Ce sont des choses qui arrivent», a-t-on murmuré avec indulgence.

Revoici donc la guerre, la Seconde Guerre Mondiale, la guerre de Natalie de Sorrente.

À l'heure où la filiation décide du sort de tant d'êtres humains, comment cette femme frivole va-t-elle affronter la révélation de ses origines ?

Les affaires de famille, ce sont des choses qu’on tait. La littérature, ce sont des choses qu’on raconte.

Dans ce roman où l’ironie est à la mesure du fracas des temps, Pauline Dreyfus révèle une partie du drame français.

 

 

Mon avis :

 

Ce roman est sur ma PAL depuis début septembre. J'ai envie de le lire depuis au moins cette date là, mais un livre à lire pour une certaine date, des romans "prioritaires", ... ont retardé cet incroyable moment de plaisir ! Vous l'avez compris, j'ai A.DO.RÉ !!

 

Pour commencer, le contexte principal de l'histoire: Natalie, jeune princesse, mène une vie de mondanités, de soirées, de luxe, de voyages, ... alors que la Seconde Guerre Mondiale vient d'éclater. Et pas question pour elle de renier ses plaisirs. Elle porte un regard absent sur ce qui se passe (ses gouvernantes juives qui s'inquiètent de leurs sorts, elle les rassurent par "obligation"), ses enfants ne lui apportent rien, tout comme son mari qui admire Pétain. Oui, mais voilà, un jour elle apprend que son père n'est pas son père biologique, que son vrai père est juif et donc, elle l'est un peu aussi. Alors évidemment, la question des juifs de France prend une place importante dans son cœur !! Mais si Natalie se sent un peu juive, elle ressent aussi le besoin (ou la nécessité ?) de se droguer à la morphine, comme pour mieux apprécier sa vie. Des doses qui sont de plus en plus rapprochées, un caractère un tantinet explosif, et Natalie crée quelques scandales !

 

"Qu'est ce qu'être juif ? Elle ne trouve pas de réponse satisfaisante. Bute sur une énigme. Ne voit pas à qui elle pourrait poser la question."

 

Nous sommes donc au cœur de la guerre, au cœur de la bourgeoisie. Et c'est avec une belle plume et beaucoup d'humour (très ironique et très second degré), que Pauline Dreyfus met en lumière un fait qui a bel et bien existé: la parenté en temps de guerre. Et j'ai trouvé intéressant qu'elle place son histoire dans ce milieu social, un milieu dont on pourrait penser - à tort ou à raison ! - qu'il ne pourrait pas être concerné par cette question. Et pourtant... C'est donc avec décalage, humour noir et ironie que nous suivons les déambulations de Natalie de Sorrente qui prend plaisir à voir la police débarquer chez elle pour l’arrêter, pensant qu'on s'est enfin aperçu qu'elle était juive ! Mais non, c'est plutôt parce qu'elle est consommatrice de drogue ! Ça prouve bien le caractère décalé de notre héroïne !!

 

"A côté d'elle, ses deux sœurs se tiennent droites dans une tristesse bon genre, laissant à leur cadette le monopole des larmes."

 

L'héroïne est sans conteste le point positif de ce roman. Elle n'aurait pas eu ce caractère, l'histoire m'aurait semblé bien fade. Le contexte est triste mais elle parvient à le rendre amusant, ce qui n'est pas chose aisée. En prenant ce parti, l'auteure nous dépeint le tragique en comique et permet presque de relativiser. Je dis bien presque parce que toutes les mondaines n'étaient pas des Natalie. Et pourtant, à la lecture de certains commentaires, on pourrait en douter.

 

"La nouvelle s'était répondue en quelques heures via ce moyen de communication efficace quoique ancestral - la rumeur mondaine."

 

C'est aussi la société mondaine qui présente l'auteure, une narration qui frôle le constat par moment, pour ne pas dire la critique. Mais qu'importe, elle m'a bien fait rire, j'ai passé un excellent moment et c'est en refermant ce coup de cœur que je regrette de ne pas l'avoir ouvert plus tôt.

 

Un énorme merci aux Éditions Grasset pour leur confiance :-)

 

Note : 18/20

Coup de cœur !

Écrire commentaire

Commentaires: 0