Certains y prennent plaisir. C'est ce commentaire imprudent sur la fellation qui va livrer à la vindicte populaire Ruth Ramsey, professeur d'éducation sexuelle dans un lycée de Stonewood Heights.
Choqués par sa liberté de ton, des parents appartenant à la très traditionaliste Église du Tabernacle menacent de traîner l'établissement en justice.
Pour calmer le jeu, le directeur décide de faire appel à JoAnn Marlow, une "Consultante Virginité" qui utilise son sex-appeal pour prôner l'abstinence jusqu'au mariage. Petit à petit, les puritains gagnent du terrain à Stonewood Heights...
Mais Ruth Ramsey n'a pas dit son dernier mot. Ni Tim Mason, le très charismatique coach de l'équipe de football. Perrotta poursuit sa radiographie satirique de l'Amérique dans ce roman cruel et désopilant.
Fin observateur des mœurs contemporaines, il nous montre deux visages d'une société pleine de paradoxes.
Mon avis :
Depuis son divorce, deux ans auparavant, la vie de Ruth est triste, ennuyeuse, terne. Pas de relation amoureuse, un travail qu’elle commence à détester en raison des bâtons qu’on lui met dans les jambes, deux filles qui - adolescence oblige - se montrent de plus en plus distantes et renfermées. Bref, si elle n’avait pas ses deux amis, Grégory et Randall, un couple gay, elle n’aurait rien à quoi se raccrocher. Jusqu’à ce que sa route croise celle de l’entraîneur de foot de sa cadette, un homme dont la foi est toute sa vie, et qui va se mettre Ruth à dos à la suite d’un match.
C’est une critique acerbe de l’Amérique puritaine que nous livre Tom Perrotta. Ceci dit, le livre est intéressant dans le sens où il nous livre un aperçu, qui s’apparente à une étude de cas, de la vie religieuse aux EU (avec, entre autre, des concerts rock) ou encore de la vie quelque peu assujettissante des enseignants, contraints de suivre un stage de remise à niveau si la façon dont ils enseignent ne collent pas à l’image que les parents (un peu) et l’Église (surtout) se font de l’éducation des enfants.
Lorsque Ruth constate que Tim, fervent adepte de l’Église du Tabernacle et entraîneur de l’équipe de foot, demande à ses joueuses de prier à la fin d’un match, Ruth s’insurge d’autant plus qu’elle est légèrement mise sur la touche à cause de cette Église qui juge son enseignement trop libéral. Partagé entre ce que lui dicte son cœur et ce que lui dicte sa foi, Tim va voir son cœur balancer et se remettre en question sur certains points.
Le titre est archi prometteur, tout comme le résumé de la quatrième de couverture. On - du moins, je - s’attend à un roman désopilant, dans lequel on va suivre les mésaventures d’une enseignante qui va se battre envers et contre tous pour s’imposer ; quelques gags seraient évidemment la bienvenue ! Malheureusement, on n’y est pas du tout ! Divisé en parties, le roman aborde Ruth dans la première, puis nous passons à Tim ; j’avoue avoir été surprise car je ne m’y attendais pas ! Après quoi, nous alternerons Ruth/Tim. Seulement, le souci n’est pas là. Je m’attendais à autre chose, un livre plus centré sur l’abstinence et non sur les problèmes sentimentaux de Ruth qui s’accable quand même un peu trop sur elle-même. Je m’attendais à une sorte de combat mêlé de coups bas entre Ruth et Tim. Je m’attendais à un roman moins axé religion (franchement, j’ai survolé la plupart de ces passages). J’ai un peu le sentiment que l’auteur a mal choisi son titre et donne ainsi, une mauvaise première idée au futur lecteur. Quoi que… l’abstinence concerne aussi bien Ruth qui ne doit plus enseigner de la façon dont elle le fait, mais aussi Tim qui ne doit plus boire, plus fumer, plus jouer au poker, … Doit-on comprendre que le professeur est bel et bien Ruth et que son élève est Tim ? Tim qui, à son contact, reprend gout à la vie… A voir ! Au final, si j’en juge la fin qui, soit dit en passant, était prévisible, je dirais que celui qui tire le plus de leçons c’est Tim, si bien qu’il semble être le véritable héros de Professeur d’abstinence.
Pour finir, j’ai bien aimé certains passages de ce roman, un roman qui ne nous permet pas de nous taper des fous rires, mais un roman que l’on peut lire pour en apprendre un peu plus sur la société américaine.
Note: 13/20
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