Bret Easton Ellis - Moins que zéro

Clay, jeune étudiant sur la côte Est, revient à Los Angeles pour les vacances de Noël. Fils de bonne famille, il a tout pour être heureux : l’argent, les filles, l’accès à tous les plaisirs de la vie… et pourtant, il est désabusé.

Pendant quatre semaines, il va errer avec ses amis de fêtes luxueuses en boîtes de nuit branchées, n’enivrant de sensations fortes, consumant sa vie par les deux bouts… Mais il constate amèrement que rien ne peut masquer le mal-être propre à sa génération qui a déjà tout… mais qui ne se satisfait de rien.

 

Mon avis :

 

Un passage qui résume bien le livre (à mes yeux) :

«Je m’adosse au mur. J’entends Spin gémir dans la chambre, puis le bruit mat d’une claque, peut-être une gifle.

- Mais tu n’as besoin de rien. Tu as déjà tout, je lui dis.

Rip me regarde.

- Non. J’ai pas tout.

- Quoi ?

- Non. J’ai pas tout.

Après un silence, je lui demande.

- Et merdre Rip, quesse que t’as pas ?

- J’ai pas quelque chose à perdre.»

 

A la fin de ce roman, mon sentiment est identique à celui perçu par Tête de Litote : j’aime ou j’aime pas ?? Toute l’histoire (si histoire il y a) se déroule pendant les quatre semaines de vacances de Clay. Il quitte la côte Est pour la côte Ouest, le soleil, la plage et les amis. Seulement, au fur et à mesure que les jours passent, il s’aperçoit que ses amis ne lui apportent rien. Est-ce l’âge ? La mise à jour de leurs défauts et ce vers quoi ils ont évolué ?

 

Avec ce roman qui ressemble plus à un journal intime, Bret Easton Ellis a certainement désiré mettre en avant l’égocentrisme d’une population. Notons que le roman date du milieu des années 80, il faut remettre les faits dans leur contexte. Nous n’avons pour ainsi dire pas d’histoire, les jours se suivent et se ressemblent : mêmes fêtes de défonce, mêmes plans galères pour acheter de la drogues, mêmes sorties ciné, … Cette linéarité qui est très répétitive permet à son auteur de mettre l’accent sur la monotonie de la vie de ses héros. Une linéarité voulue (je pense) pour que l’ennui qui gagne Clay nous frappe de plein fouet.

 

Les héros - ou plutôt, les personnages - sont très nombreux. J’avoue qu’hormis Julian, Blair, Trent et Rip, j’ai un peu largué les autres ! Là encore, l’auteur a créé un monde peuplé dans le but de mettre en évidence le fait que Clay est certes bien entouré, mais n’a pas d’amis. Certaines relations me laissent songeuse : est-ce possible ?? Clay donne l’impression de voguer d’un point à un autre en fonction de là où le courant l’emporte. Et c’est certainement pour ça qu’il n’a que peu d’amis ; ça et aussi le fait que ses seules relations soient liées à la drogue. Au final, le personnage de Blair est le plus convaincant. Par pour tout, mais à la fin du roman, au moment où elle interroge Clay sur leur passé, je l’ai trouvée plausible.

 

Reste "les aventures" de Clay. Il se pose pas mal de questions sur ses amis, surtout sur Julian. Quand celui-ci vient lui demander de l’argent soi-disant pour aider une fille à se faire avorter, il s’interroge sur la véracité de ses propos. Et ce à quoi il pense s’avère véridique : un jour, il accompagne Julian dans une chambre d’hôtel afin de récupérer son argent et là, il assiste à la débauche/dépendance de son ami qui va jusqu’à se prostituer pour assouvir son addiction à la drogue. Julian n’est pas le seul à se droguer, tous sont accros : les rails qu’ils se font quotidiennement ou les soirées inimaginables sans alcool.

 

Clay réalise un peu plus chaque jour que la vie que mènent ses amis ne lui convient pas. Deux des éléments déclencheurs sont certainement la découverte d’un cadavre dans une ruelle et le soir où il se rend chez un ami et qu'il constate que ce dernier détient une fille de douze ans pour en faire - temporairement - son esclave sexuelle. Ces faits peuvent rebuter certains lecteurs. En effet, bien qu’identique du début à la fin, le roman est tout de même teinté d’une certaine décadence tantôt violente tantôt pondérée. Voire indifférente. Ce qui le rend moins insipide par moment ! Ceci dit, le style de l’auteur est agréable : direct, court, cru, sans détours mais avec parfois des phrases ambigües, il est très agréable à lire.

 

Note: 12/20

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Commentaires: 2
  • #1

    Bouchon des bois (samedi, 26 mars 2016 14:07)

    (commentaire du 10 juillet 2013, 11h37)
    Bret Easton Ellis est un auteur qui m'intimide, je ne sais pas pourquoi... Peut-être à cause de toutes ces horreurs entendues sur ses livres ! Il faudrait que je passe le cap, tout de même :) Pourquoi pas avec celui-ci ?

  • #2

    Les Mots de Gwen (samedi, 26 mars 2016 14:08)

    (commentaire du 10 juillet 2013, 13h36)
    Pourquoi pas, en effet! Ce roman a une suite: Suite(s) impériale(s). En toute franchise, je ne pense pas le lire dans l'immediat, mais si à l'occasion je le trouve, pourquoi pas?! Si tu veux mon avis, lis le quand tu le sens :) Et après, tu me diras ce que tu en penses!