Russie, février 1959. Ils s'appellent Igor, Aleksandr, Roustem, Zina, Lioussia, Iouri, Gueorgui et Nikolaï. Ils sont jeunes, enthousiastes, idéalistes. Ils veulent célébrer le XXIe congrès du Parti communiste en accomplissant un exploit sportif. Mais de leur expédition dans l'Oural, ils ne reviendront jamais.
Des années plus tard, Ania décide de mener l'enquête. Que leur est-il arrivé ? Pourquoi les a-t-on retrouvés morts, leurs cadavres marqués d'atroces blessures, loin de leur campement ? Pourquoi l'affaire a-t-elle été classée ? Un document précieux sur la vie des jeunes Soviétiques en pleine période de dégel, mais avant tout une histoire incroyable qui se lit comme un thriller et qui, à mesure que progressent les investigations de la narratrice, devient de plus en plus terrifiante.
Mon avis :
Anna Matveeva tente de relater l'histoire de cet évènement qui demeure incomplet.
Fin des années 1990, en Russie. Ania, jeune russe passionnée par l'écriture, se voit offrir la possibilité de retracer l'histoire de neuf personnes décédées dans l'Oural à la fin des années 1950.
Je ne vais pas m'étendre sur les aspects de la vie d'Ania car franchement, j'ai trouvé ces parties particulièrement fades et inintéressantes. Savoir ce qu'elle mange, les tensions avec son ex-mari, la vie de son chat, aucun intérêt selon moi. Toutefois, les faits historiques ont su me capter et le simple fait qu'il s'agisse de documents réels et avérés apporte un sacré plus à l'histoire. Car oui, si la partie fictive est assumée, la partie réelle l'est tout autant.
On suit Ania qui progresse dans sa lecture des documents qu'elle découvre. Elle lit les comptes-rendus des sauveteurs, des médecins légistes, des personnalités plus ou moins gradées qui ont interagi dans ce dossier qui deviendra connu sous le nom des disparus du col Dyatlov, du nom du meneur du groupe.
Des jeunes hommes et femmes, en parfaite condition physique, habitués à randonner, en bonne santé, ont été découverts morts dans des conditions atroces, mais surtout, singulières. En pleine montagne, par des températures avoisinant les -20, ils ont été découverts en dehors de leur tente, peu vêtus et pour certains, blessés (langue disparue pour l'une, peau du visage retirée pour l'un). Trop d'inconnues : que s'est-il passé ? Pourquoi sont-ils presque nus dans la neige ? Pourquoi des corps ont été retrouvés à plus d'un kilomètre de la tente ? Pourquoi la tente a-t-elle été lacérée de l'intérieur ? Pourquoi les autorités ont mis plus de deux mois à retrouver certains corps ? Pourquoi les vêtements portés par les randonneurs étaient-ils radioactifs ? Les questions fusent, les doutes s'installent et les théories fleurissent. Documents officiels à l'appui, l'auteure nous livre certaines de ces théories avec un pourcentage de crédibilité, et là encore, tout est développé. Une boule de feu - après tout, certaines personnes ont déclaré en avoir vu - est-elle responsable de ce massacre ? Un OVNI ? Une avalanche ? Une attaque animale ? Le gouvernement ? Elles sont plus de dix, ces théories, sans qu'aucune ne révèle la vérité. Et pourtant, quelle frustration puisqu'il s'agit du fil rouge d'Ania : découvrir la vérité.
J'ai aimé le côté historique de ce roman, la mise à nue de la vie en URSS (car en 1959, il s'agit de l'URSS et non de la Russie), la façon dont, il semblerait, que le gouvernement ait failli. Ces documents authentiques montrent un Etat qui est dans le contrôle permanent. Afin de préserver son renouveau, sa richesse, sa vision, il ne fallait pas que les morts des ces jeunes viennent tout gâcher. On le suppose, le gouvernement a modifié ou arrangé certaines vérités. Raison pour laquelle une des théories rencontre du succès : des essais de l'armée qui auraient mal tournés. Cela expliquerait la boule de feu mais aussi la radioactivité des vêtements.
Utilisant des documents retranscrits à la lettre près, l'auteure plonge son lecteur dans la noirceur de cette enquête, de ses défauts. C'est saisissant d'horreur mais aussi d'angoisse car on lit l'horreur sans pouvoir s'arrêter tant on se demande jusqu'où ça peut aller. Extrêmement addictif ! Menant une véritable enquête digne d'un bon journaliste, Ania tente de savoir ce qui s'est réellement passé et soulève aussi quelques questions qui demeurent sans réponses. On se demande aussi si ce drame aurait pu être évité. S'il n'a été qu'un banal accident de montagne enjolivé par les années. S'il est la preuve que le régime a tenté d'éteindre l'incendie sans même parvenir à l'étouffer ; aujourd'hui encore, les disparus de Dyatlov font parler d'eux. Je connaissais leur histoire, je n'ai donc pas eu de réelles révélations en lisant ce livre, cependant, j'ai eu envie de trouver des infos plus récentes, le livre ayant déjà dix ans. J'ai vu un reportage réalisé, il y a trois ans, et dans lequel les scientifiques expliquaient qu'une coulée de neige pouvait être responsable de la mort de ces jeunes. Une coulée d'une telle force qu'elle a endommagé la cage thoracique de certains. Pris de panique, les autres se seraient enfuis si rapidement qu'ils n'auraient pas pris le temps de s'habiller. Le froid a fait le reste... Personnellement, j'y crois moyen ! Je pense qu'il y a autre chose, toutes les interrogations n'ont pas de réponses avec cette coulée de neige. Mais ce n'est que mon avis !
Si je devais donner un avis des plus sincère, je dirais que j'ai passé un très bon moment de lecture. La curiosité étant très forte, j'avais hâte de le lire. Nous n'obtenons pas de réponses (en aurons-nous un jour ?) mais il permet d'apporter quelques éclaircissements non négligeables qui réajustent les différentes théories. Sur le fond, le livre est donc parfait puisqu'il explore de façon neutre et basique un fait, sans prendre partie, mais sur la forme, je suis moins emballée, l'héroïne ne m'ayant pas séduite.
Note : 17/20
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