Daniel Glattauer - L'art de ne pas rompre

Joana et Valentin, heureux parents de deux enfants qui se sont rencontrés des années plus tôt en faisant de la plongée, sont en pleine crise conjugale. Ils n’arrivent plus à se parler, ne se supportent plus. Pour tenter de sortir de cette impasse et retrouver l’harmonie de leurs premières années de vie commune, ils décident de se faire aider par un conseiller conjugal.

Mais à peine entrés dans le cabinet du thérapeute, ils recommencent leurs disputes stériles et chacun essaie de prendre le conseiller à témoin des défauts de l’autre. Ce dernier leur propose bien quelques exercices afin de rétablir le dialogue, mais en vain : rien n’y fait, et le conseiller conjugal, désespéré et au bord de la crise de nerfs, propose une pause de cinq minutes.

Après cette brève interruption, il revient, l’oreille collée à son portable et l’air absent. Au lieu de continuer à pousser le couple au dialogue, il leur demande de but en blanc pourquoi ils ne se séparent pas. Joana et Valentin, un peu interloqués, vont soudain changer de ton...

 

Mon avis :

 

Merci, merci aux Éditions Grasset pour ce superbe moment de lecture :-)

 

Avec ce (trop) court roman, nous sommes spectateurs: écrit sous forme de pièce de théâtre (mais sans indications scéniques sur le décor, uniquement les personnages), nous voyons la scène se dérouler sous nos yeux, comme si nous assistions à une représentation. Nous avons trois personnages: le thérapeute et un couple qui, après dix-huit ans de mariage et deux enfants, trouve prétexte à la dispute au moindre mot, à la moindre pensée (si, si, je vous l'assure). Lorsque le thérapeute leur propose un jeu, Valentin est très réticent (il faut préciser qu'il semble réticent depuis le début de l'entretien) mais finit par accepter; malheureusement, ce jeu se révèle un fiasco total.

 

Ponctuée de mots doux et de disputes plus ou moins violentes, la première partie du texte nous montre un couple qui n'arrive plus à communiquer autrement qu'en se disputant. C'est assez triste comme constat, surtout après tant d'années passées ensemble, mais Valentin ne voit plus Joana comme sa femme et vice-versa. La deuxième partie commence après la pause instaurée par le thérapeute et dès lors, les situations sont inversées, ce qui est assez cocasse. Personnellement, j'avais deviné les réelles motivations du médecin, mais quel plaisir de lire ces dialogues, ces réparties. Déjà la première partie m'avait séduite car c'est à celui qui fera le plus mal avec des mots que tout se joue. La seconde partie permet à Valentin et Joana de se révéler et pourquoi pas, de se retrouver ? Car leur problème est d'être tombé dans la routine, on ne voit plus l'autre et l'amour semble tellement acquis que plus aucun effort n'est fait pour l'entretenir au quotidien. L'idée du thérapeute est excellente, j'ai trouvé qu'il avait bien joué son coup même si ce n'est pas très professionnel.

 

"Joana, j'en ai assez d'être l’éternel souffre-douleur de tes débordements émotionnels..."

 

Le fait que ce roman soit très court (125 pages) ne laisse pas le droit à l'erreur pour l'auteur: nous devons entrer de suite dans le vif du sujet et ne pas broder autour des personnages. Ceux-ci sont parfaits, on ne peut les imaginer physiquement mais on les devine avec leurs répliques. Évidemment, on peut avoir tendance à prendre partie pour l'un ou pour l'autre, mais selon moi, l’auteur a parfaitement fait en sorte que les torts soient partagés. L'écriture est très bonne même s'il est difficile de la juger dans son ensemble en raison de la mise en page théâtralisée.

 

"Valentin: Plus nous allions profond, mieux cela fonctionnait.

Silence.

Joana: En haut, nous avons été... happés par le tourbillon.

Silence.

Joana: Nous n'aurions jamais dû remonter à la surface.

Silence.

Valentin: Du moins pas ensemble."

 

Une plongée au cœur d'un drame qui séduit même si la situation n'a rien de séduisante (mais elle fait sourire, quel paradoxe !). Malgré cette immersion totale et la parfaite maîtrise du tempo (on lit et en même temps la scène se déroule, pas de temps mort), il est très difficile de s'immerger totalement, d'entrer dans la tête des personnages et de tenter de mieux les comprendre; certainement dû au fait que le texte est très très court. Ceci dit, vu le thème abordé, trop long n'aurait pas été mieux, on aurait frôlé la redondance des accusations et on aurait très vite tourné en rond.

 

"Je ne vois pas comment je pourrais rabaisser ce qui est déjà en dessous de tout."

 

L'art de ne pas rompre reste un très bon moment de lecture que je vous recommande :-)

 

Note: 18/20

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Commentaires: 5
  • #1

    Candyshy (dimanche, 27 mars 2016 13:48)

    (commentaire du 29 juillet 2015, 17h46)
    Ah tu m'as convaincu !!!! J'ai adoré déjà un de ces romans donc je fonce sur celui là ^^

  • #2

    leelys (dimanche, 27 mars 2016 13:49)

    (commentaire du 29 juillet 2015, 20h47)
    J'adore le résumé et la couverture !!! Ton avis me confirme mon envie de découvrir ce bouquin, merci pour cette belle découverte <3

  • #3

    Les Mots de Gwen (dimanche, 27 mars 2016 13:49)

    (commentaire du 30 juillet 2015, 14h36)
    @Candyshy: moi, ça m'a donné envie d'en découvrir d'autres de l'auteur :)

    @Leelys: de rien ;) La couverture et le résumé ont aussi été les premiers éléments de curiosité! Un roman court qui se lit avec plaisir, belle découverte à toi!

  • #4

    Candyshy (dimanche, 27 mars 2016 13:50)

    (commentaire du 31 juillet 2015, 09h26)
    Je te conseille alors quand souffle le vent du nord :) je n'ai pas encore eu le temps de lire la suite par contre sniff

  • #5

    Les Mots de Gwen (dimanche, 27 mars 2016 13:50)

    (commentaire du 31 juillet 2015, 15h15)
    J'ai noté les deux sur ma WL :) Merci du conseil! C'est vrai que les deux ont l'air sympa... Peut-être que tu auras le plaisir de découvrir bientôt la suite... :)