Qui devient-on dans une vie où des parents disparaissent mystérieusement ? Rose a six ans quand la tragédie se produit. Dans ce quotidien bouleversé, elle grandit avec sa version de l’histoire, ni douce ni porteuse. Qui Rose serait-elle aujourd’hui si elle ne pensait pas qu’ils l’ont abandonnée ? C’est la question que se pose celui qui l’a toujours aimée.
À Bali, seize ans après leur disparition, Rose découvre quelques mots sur un carton. Ils sont les premiers d’un périple essentiel. Comprendre ce qu’il est arrivé à ses parents, tisser un lien puissant avec une mère qu’elle découvre à travers l’écriture, et surtout, commencer à s’aimer.
Mon avis :
Avant de vous livrer mon ressenti sur le roman de Alia Cardyn, je tiens à remercier les Editions Charleston pour leur confiance renouvelée. Très rares sont les romans Charleston qui m’ont déçue et celui-ci ne fait pas exception même s’il n’a pas été à l’image de ce à quoi je m’attendais.
Rose est une jeune trentenaire qui a dû se construire sans ses parents : un matin, ceux-ci avaient tout simplement disparu. Placée en maison d’accueil, elle s’est fait de nouveaux amis et a continué à vivre avec ses questions et ses doutes. Était-ce de sa faute ? Une mauvaise rencontre ? Sans réponse, sans corps, elle n’a pu qu’imaginer un scénario, scénario remis en cause le jour où elle reçoit un journal, un mot, des explications.
Le thème est très séduisant bien que non innovant. Je me souviens d’un roman qui traite d’un sujet similaire (Linwood Barclay, Cette nuit-là) et j’avoue que c’est ce résumé tentant qui a attisé ma curiosité, l’auteure étant une inconnue. J’ai aimé la façon dont Alia Cardyn a traité le sujet. Elle n’en fait un pas un roman glauque, au contraire, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’espoir dans ses mots, elle a doté son héroïne d’une volonté de croire, encore et toujours, alors que d’autres se seraient sûrement résignés. Mais non, Rose a construit son histoire en parallèle de la disparition de ses parents sans jamais perdre l’espoir d’un jour meilleur. La question qui demeure en suspend une grande partie du roman est : que sont-ils devenus ? Ma réponse est simple : lisez-le livre et vous le saurez !
"J’ai grandi dans un univers où les êtres peuvent disparaître et cette possibilité m’a privée de confiance."
Une vie à t’attendre se divise en deux parties totalement différentes à mes yeux. La première est un peu terne, sans réelle action et centrée sur le désarroi de Rose ainsi que la solitude qui l’entoure. On compatit, c’est certain, mais j’ai relevé trop de lenteur dans cette première moitié. Ceci dit, c’est un peu à l’image de la vie de Rose : lente, le monde continue de tourner autour d’elle, mais elle est davantage spectatrice qu’actrice de sa vie ; elle subit, accepte ce qu’on lui dit et ce qu’on lui demande. La seconde partie est plus passionnée, plus vivante, plus dynamique. Certainement parce qu’elle est axée sur la mère de Rose, Gabrielle, une femme au tempérament fougueux que nous découvrons grâce au journal de celle-ci que Rose a obtenu. J’ai beaucoup aimé le personnage de Gabrielle, on sent le dilemme qui s’est emparé d’elle, on envisage nos propres décisions à sa place, on est un peu dans l’empathie face au destin qu’elle a choisi de vivre. La forme épistolaire de cette seconde partie accentue la dynamique et rend le récit plus vivant, mais aussi plus sincère.
Toutefois, les différents allers/retours dans le temps ont de quoi perturber le lecteur. Ce n’est pas par manque d’habitude – certains auteurs que je lis sont adeptes de ces sauts dans le temps – mais ici, j’ai trouvé qu’ils manquaient de fluidité et la lecture s’en trouvait frustrante puisqu’on reste un peu sur notre faim tant les époques se chevauchent et que nous devons nous resituer dans le temps.
Une vie à t’attendre est un très beau roman qui traite d’un sujet compliqué. L’auteure nous propose une solution, puis encore une, la réponse est à la fois surprenante et déroutante. Un secret, une révélation, et le monde dans lequel on évolue se modifie totalement, un changement qui se répercute des années durant.
Note : 15/20
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