« Des retrouvailles entre amis, au bout d’un moment, ça ressemble à une beuverie approximative toujours hantée par le spectre d’un enfant désireux ou d’un collègue zélé. Mais je savais que ce serait mon ultime aventure auprès d’elle, j’avais besoin d’entendre sa voix, je ne pouvais pas me dérober, il me fallait éprouver une dernière fois ce qui peut rester de la fête quand c’est elle qui nous a forgés. »
Aron Bonvoisin prend vie et parole dans un huis clos pittoresque bordé par la forêt des Landes de Gascogne. En narrant les expériences passionnées de ses amis réunis le weekend de l’Assomption 2025, il décrit la possibilité de vivre malgré l’épreuve du manque qui compose chacun d’entre nous par ses plus belles figures : l’acharnement au travail, l’hypersexualité, l’obsession matérielle, la dévotion parentale, l’addiction narcotique, la fuite en avant et quelques autres joyeuses monomanies.
Mon avis :
Avant de vous parler de ce roman, je tiens à remercier Paul de Bay pour sa confiance.
Le résumé est assez complet, je ne vais pas trop en dire, d'autant que jusqu'au dernier chapitre, l'auteur nous maintient dans une histoire qui explose trois ou quatre pages avant que l'on ne referme le livre.
On rencontre, au travers des yeux d'Aron, un groupe d'amis. Tous vont se retrouver pour le week-end de l'Assomption 2025. Pour certains, cela fait un long moment qu'ils ne se sont pas vus. C'est l'occasion de se retrouver, de se remémorer des souvenirs, de raviver de bons moments et de se redécouvrir. Je vous disais que le final explosif arrive à quelques pages de la fin, mais avant cela, deux rebondissements de taille remettent en perspective ce week-end. Chut, je ne vais pas en dire plus sur l'histoire en elle-même, ce serait gâcher la surprise de la lecture si vous vous lancez.
J'ai particulièrement aimé la plume de Paul de Bay. Je la trouve franche, décalée, fluide mais aussi un brin cynique. Cette façon de balancer des vérités sans tomber dans le jugement, mais juste une énumération de faits - finalement normaux - j'ai aimé ! Je n'ai pas ri, mais j'ai souri en lisant certains passages, me disant que tel personnage avait entièrement raison. C'est cette capacité à détailler, décrypter et analyser la nature humaine qui fait de la plume de Paul de Bay, une plume addictive. Et si on se dit qu'il se moque - au travers de ses protagonistes - on réalise qu'en réalité, il éclaire le lecteur qui peut avoir un voile devant les yeux. C'est peut-être bête, mais il met en avant les lubies, les envies, les conventions et en parallèle, on a les opposés avec ceux qui suivent les règles, ceux qui se fichent de ce que pense autrui, ceux qui sont amoureux de la liberté qu'ils savourent au mépris des convenances, puisque nous n'avons qu'une vie.
Chaque personne - ou presque - a le droit à son chapitre. A son histoire. Si bien que l'on peut s'attacher, voire s'identifier. Ils sont tellement différents que l'on peut aisément en trouver un qui nous ressemble, un dont on va se dire "Exactement comme moi !". Et parfois, on peut lever les yeux au ciel en lisant le comportement d'untel ou les réflexions d'un autre, tant on ne se sent pas en phase avec lui, mais cela n'est que le reflet de la société dans laquelle nous évaluons, un microcosme, un échantillon, que nous découvrons au travers de ce groupe d'amis mais qui en réalité, nous entoure. Nous sommes différents mais cela ne nous empêche pas de passer un moment ensemble.
"Je ne dis pas que son charme objectif n'a pas eu un peu d'effet, mais c'est principalement de l'écœurement qu'il a pu éveiller en moi. Puis l'écœurement est devenu assez rapidement du mépris, puis de l'hostilité, puis je me suis trouvé un peu minable à lui vouloir du mal."
La plume est, comme je le disais, fluide, cocasse et cynique. Sous la plume de Paul de Bay, une situation banale prend une toute autre forme : "Sophie siffla la fin du refrain dans une gamme descendante et rallentando, précisément un si si do si la sol, qui fit résonner la dernière note au prisme d'un contralto expansif. Le sublime sol émis en voix de poitrine se matérialisa alors dans un monumental vomi translucide et explosif qui traversa toute la longueur de la table d'un seul jet." Et si sa plume joue avec humour sur des faits comme celui-ci, elle est aussi chargée d'émotions quand il faut aborder des sujets sérieux : "C'est rien mon chéri, c'est la vie, ça rend triste parfois de grandir, rien ne presse, je suis là, je t'aime."
J'ai été perturbée par la multitude de personnages. Et je dois avouer qu'au début, ça m'a pas mal déstabilisée. Mentalement, je prenais des notes. Et je pense m'en être bien sortie ! Mais il est vrai que plonger dans le passé de chacun, en plus de l'histoire au "présent" (entre guillemets puisque cette histoire se déroule tout de même en 2025, c'est à dire dans un an), cela faisait beaucoup de faits et de personnalités à assimiler. C'est un peu le point faible de ce roman. Je pense que pour certains lecteurs, ce trop plein de personnages peut être difficile.
Si l'on excepte la couverture (qui ne me plaît pas, pour être sincère) et les protagonistes nombreux, ce roman fut une lecture très agréable puisqu'il explore avec justesse et détachement la société dans laquelle on évolue. Avec ses qualités et ses défauts. Le dernier chapitre remet en perspective toute notre lecture et permet de porter un autre regard sur l'histoire que l'on vient de lire. Et donne finalement, envie de profiter de la vie !
Note : 16/20
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