Tiphaine Auzière - Assises

Un soir ordinaire de violences conjugales, quand la victime consentante dit non, et ôte la vie de son compagnon et persécuteur.

À la croisée des chemins et des tribunaux, autour de Diane, avocate, se nouent et se dénouent les destins. Laura accusée du meurtre de son conjoint, la petite Jeanne victime d’inceste, qui va tenter de se reconstruire. Comment certains ont pu se retrouver là ? Que vont-ils devenir ? On les découvre, on s’y attache, on vit avec eux le temps d’un procès. Tantôt du côté des victimes, tantôt de celui des coupables ; mais la frontière est-elle si évidente ? Entre la droiture de la justice et l’ambivalence des êtres, les individus évoluent sur des lignes de crêtes mouvantes.

Dans son premier roman, Tiphaine Auzière nous plonge au cœur de la justice, elle décompose le mécanisme des assises, on écoute le ressac des vies brisées, on entre dans les considérations parfois contradictoires de la plaidoirie, finalement on se questionne sur sa propre posture ; qu’aurions-nous fait à leur place ?

 

Mon avis : 

 

Ce livre ne fait pas partie des livres que j'aime lire, du moins, de ceux qui m'attirent, tout simplement parce que les thèmes abordés sont loin d'être joie et plaisir. Cependant, celui-ci m'a attirée, sans que je sache dire exactement pourquoi. 

 

Nous suivons Diane, avocate, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle. Nous allons l'accompagner auprès de deux clientes, une enfant et une femme, deux clientes qu'elle représente et pour lesquelles elle va se battre. Nous allons aussi cheminer avec elle dans sa vie personnelle, une vie qu'elle va remettre en question. 

 

"A moins que le cerveau n'élude ce que le cœur ne peut encaisser."

 

J'ai beaucoup aimé la plume de Tiphaine Auzière et assurément, le fait qu'elle soit elle-même avocate y joue beaucoup. Au travers de son avocate fictive (mais qui, je pense, est inspirée d'elle-même), on sent l'intensité de ses plaidoiries, la passion qui l'anime et la proximité avec ses clientes qu'elle considère, non pas comme des dossiers, mais comme des êtres humains. J'ai beaucoup aimé lire les raisonnements qui sont les siens pour mettre Laura en confiance, même chose avec Jeanne, mais d'une autre manière, les dossiers étant différents, tout comme les âges. 

 

"On trahit les autres quand on se ment à soi-même."

 

Les deux histoires sont puissantes et saisissantes d'horreur. Différentes et identiques à la fois, elles se retrouvent par les silences qui les entourent avant d'exploser au grand jour. Est-ce qu'elles mettent en évidences des lacunes ? Je le pense et je l'ai ressenti davantage en lisant l'affaire relative à Laura. Mais je ne pense pas qu'en écrivant son livre, Tiphaine Auzière avait pour but de critiquer, seulement de mettre en lumière les difficultés rencontrées et surtout, les obstacles. 

 

Comme je le disais, un type de roman qui ne correspond pas à mes habitudes littéraires, mais j'aime bien, de temps en temps, me mettre au défi, m'obliger à sortir de ma zone de confort, et pourquoi pas, apprécier. Ici, ce fut le cas. Pas de rebondissement comme on peut en avoir l'habitude, mais une lecture très réaliste qui permet de s'ancrer dans la réalité, à défaut de s'en évader. Car oui, on ne s'évade pas du tout, mais on découvre un univers. Un univers sombre et triste, mais au sein duquel, l'avocate entend ajouter un zeste d'espoir. Concernant le côté personnel de la vie de Diane, je l'ai trouvé un peu inutile. J'aurais aimé que l'on plonge dans sa vie mais pour connaître les effets de son métier sur sa vie et ce à quoi elle doit faire face, comment elle arrive à se détacher des horreurs qu'elle côtoie... Peut-être est-ce justement ce que l'auteur nous livre qui lui permet de s'évader, mais cela n'étant pas évoqué, je reste sceptique. Quoi qu'il en soit, cette avocate à la ténacité féroce reste auprès de ses clientes bien après le procès (j'en reviens au côté humain), elle semble donc avoir du mal à dissocier la vie personnelle de la vie professionnelle, mais cela la rend finalement très humaine et pour ce genre de situation, c'est finalement une attitude que l'on préfère. 

 

Un très bon premier roman qui présage un bel avenir. Ma seule crainte concerne le sujet : il ne faudrait pas que l'auteur s'enferme dans ce style littéraire.

 

Avocate dans la vie, Tiphaine Auzière nous ouvre des portes et nous entraîne au sein du système judicaire en employant les mots justes, immergeant totalement son lecteur sans le broyer avec un jargon incompréhensible. 

 

Note : 15/20

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