Gaël Aymon - 17 ans à jamais

Condamnée à la jeunesse éternelle, elle cherche son amour perdu.

1916, Marthe Amelin, 17 ans, tombe éperdument amoureuse d'André. Quand ce dernier part pour le front, Marthe dit à André : " Emporte mon reflet. Tant que tu le garderas, ni la guerre ni la mort ne pourront nous séparer ! ". Quelques temps après, Marthe réalise que les miroirs ne lui renvoient plus son image. André a emporté son reflet et elle a cessé de vieillir : elle aura 17 ans à jamais, tant qu'elle ne l'aura pas retrouvé.

Commence pour elle une vie romanesque à la recherche de son amour perdu.

Un récit d'amour éternel à la croisée des genres.

 

Mon avis : 

 

Ce roman est inclassable. Romance ? Historique ? Fantastique ? Il unit à merveille les trois registres pour nous offrir un texte qui déroule les années de 1916 à aujourd'hui, relatant des évènements majeurs ainsi que l'histoire de cette jeune fille qui recherche éperdument son grand amour. 

 

Comme c'est écrit au travers du résumé, Marthe n'a plus de reflet, reflet emporté par André lorsqu'il est parti sur le front. Commence alors une vie de discrétion pour elle qui évite dès lors le moindre miroir, une simple vitre, tout ce qui permet de renvoyer un reflet, tout simplement. Cependant, elle réalise qu'en plus de ne plus avoir de reflet, elle ne vieillit pas. Marthe n'a d'autres choix que de se réinventer tous les vingt ans. Une nouvelle identité, une nouvelle vie, un autre lieu, un autre pays. S'il y a une chose qui la maintient debout, c'est l'idée qu'André est vivant. Cela va de soi : en partant au front, il a emporté son reflet, et si celui-ci n'est pas réapparut, c'est parce qu'André est vivant ; s'il avait perdu la vie, elle aurait retrouvé son reflet, cela fait sens pour Marthe (et pour moi aussi !). Nous allons donc vivre aux cotés de Marthe pendant des décennies, suivre son adaptation, ses échecs et ses succès, des espoirs aussi. Jusqu'au dénouement. 

 

Le titre et le pitch m'ont séduite. J'ai trouvé le sujet porteur et prometteur d'un roman aux envolées fortes. Quoi de plus fort qu'une histoire d'amour perdue ? Et l'idée que cette femme ait perdu son reflet... franchement, je me demandais comment l'auteur allait répondre à cette problématique, comment Marthe allait vivre avec cette absence. Eh bien, j'ai trouvé que cela était crédible, dans la mesure du possible, ça se comprend ! 

 

On découvre l'histoire de Marthe puisqu'elle la raconte à Florin, un jeune homme blessé lors des attentats de Paris en 2015. Marthe lui rend visite aux Invalides, elle tient compagnie aux blessés, mais décide surtout de raconter son histoire à Florin. Alors oui, cette histoire d'amour perdu, on adhère, on plonge, espérant être transporté(e) par des émotions palpables, malheureusement, et c'est l'un des deux points faibles, les émotions ne sont pas tangibles. Oui, on les lit et on les comprend, mais il me manque une charge émotionnelle qui bouleverse, transcende et nous fait verser une larme (ou une larmichette). J'ai senti un grand vide en refermant ce roman mais même au cours de ma lecture. Je ne me sentais pas saisie par les drames de Marthe même si ceux-ci étaient horribles. Nous traversons deux guerres, les camps, les privations, malgré tout, je n'ai pas été transportée comme j'espérais l'être. 

 

L'autre point faible est, selon moi, les longueurs. J'en ai trouvé quelques unes et cela entache la lecture. Je pense qu'il aurait été mieux de raccourcir ce roman, de lui permettre d'être plus condensé mais plus puissant. Un sentiment de tirer en longueur combiné accentué par l'absence presque total d'émotions. 

 

Cependant, j'ai trouvé la plume très bonne, fluide et parfaitement accessible pour un roman historique/romanesque/fantastique. Sans oublier la documentation que je trouve complète. On visualise les lieux et les actes des personnages, les dégâts causés par les bombes et les rues peuplées de personnes euphoriques. Sur ce point, rien à redire, Gaël Aymon a su retranscrire ce qui a dû réellement se passer. 

 

"Dans la vie comme dans les livres, certains chapitres s'achèvent sans réponses ni grandes explications. Juste avec l'évidence que le moment est venu de tourner la page."

 

Je l'ai dit, je n'ai pas ressenti les émotions au travers des mots, malgré tout, j'ai trouvé triste de voir cette jeune fille perdre tous ceux qu'elle aime. Je ne développerai pas, mais que ce soit la guerre ou la vieillesse, elle n'a d'autres choix que de constater le départ des être aimés (ou pas) et de subir cette absence. Le plus dur étant de se dire que cela peut durer. 

 

Il est aussi triste de lire les effets de la guerre sur le monde, notamment sur les jeunes hommes qui ont été formatés et qui n'ont eu aucun suivi par la suite. Ainsi, la violence les habite, les détruit et les pousse à tuer, sans remords. 

 

"C'est peut-être parce que je n'y tenais plus, que la vie s'est autant accrochée à moi..."

 

Permettant à Marthe de traverser les époques, Gaël Aymon nous narre aussi les différents courants de pensées, sans prendre de parti, il montre qu'il ne faut pas faire d'amalgame (tous les allemands ne sont pas des nazis), que la guerre révèle les personnalités et qu'il est normal de se montrer égoïste quand il s'agit de sa survie. 

 

Note : 15/20

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